Piciformes
Picidés
Dendrocoptes
medius
8 ans
Les Picidés sont des oiseaux de la taille d'un moineau à celle d'une corneille. Ils sont adaptés morphologiquement à la vie arboricole. Leurs pattes solides sont pourvues de quatre longs doigts (rarement trois) terminés de griffes puissantes, deux tournés vers l'avant et deux vers l'arrière, ... lire la suite
Le Pic mar est un pic de taille moyenne, à peu près celle de l'épeiche. Comme lui, c'est un pic bigarré comme on disait autrefois, c'est à dire noir et blanc avec du rouge. Il est lié aux feuillus.
Le dimorphisme sexuel est très faible. L'adulte se reconnaît à sa tête blanche couronnée d'une calotte rouge vermillon, vive chez le mâle, moins chez la femelle. Cette calotte n'est pas bordée de noir comme chez le jeune épeiche avec lequel la confusion est possible en été. Le front est beige clair. La tache noire des côtés du cou ne rejoint ni le bec, ni la nuque, comme elle le fait chez l'épeiche. Le bec est sensiblement plus faible que celui de l'épeiche. Autre différence importante au niveau inférieur. Alors que chez l'épeiche, la poitrine et le ventre sont blanc uni, le mar montre de fines stries noirâtres sur ces zones. Enfin, les sous-caudales, rouge vif chez l'épeiche, sont d'un rouge atténué qui diffuse sur le ventre en prenant un aspect rose, surtout chez le mâle. La poitrine est teintée de roussâtre. 4 sous-espèces sont actuellement reconnues qui ne diffèrent que par des détails de plumage.
Le juvénile ressemble à l'adulte, mais en plus terne, avec le plumage moins contrasté, les zones blanches localement embrunies, le rouge des sous-caudales atténué, celui de la tête moins vif et plus restreint, etc.
Le cri du Pic mar est un "pik" qui ressemble à celui de l'épeiche, mais en moins dur, moins percutant, qu'on peut traduire par "puk". Ce cri est émis isolément, mais aussi très fréquemment en séries rapides typiques, sans équivalent chez l'épeiche. Dans ce cas, les notes sont plus dures, la première de tonalité un peu plus haute, "kikkukkukkukukkukkuk..." et audibles de loin.
Le Pic mar ne tambourine pas comme la plupart des autres pics, mais peut émettre des sons en tapotant du bec le bois autour de la loge. Du fait de l'absence de tambourinage, il a développé un chant territorial. Ce chant est très particulier et évoque plutôt un cri de rapace. C'est une série typique de 5 à 15 notes (en moyenne 12) sonores, traînantes, plaintives et nasillardes, "kieinn kieinn kieinn kieinn..." à la cadence d'une note par seconde environ.
Toute recherche sur les oiseaux forestiers implique une bonne connaissance de ces émissions vocales. La première est souvent méconnue et attribuée à l'épeiche par les non-initiés.
Le Pic mar est un oiseau de la forêt primitive. Il est inféodé aux vieilles forêts à feuilles caduques, avec une préférence de nos jours pour les chênaies pures ou mixtes, chênaie-charmaie, chênaie-hêtraie et même dans le SE de l'aire la hêtraie pure.
Le Pic mar est un oiseau discret, volontiers solitaire, qui fréquente la strate supérieure des milieux forestiers où la vue ne porte pas loin.
Vol onduleux, caractéristique des pics.
A la belle saison, le Pic mar est surtout insectivore. Il exploite plutôt la strate supérieure de la forêt et ainsi n'entre pas de front en compétition avec l'épeiche qui s'active plus bas.
Le Pic mar est actif vocalement dès mars et jusqu'à mi-avril. C'est à ce moment qu'on entend son chant geignard dans les vieux chênes. On imagine les mimiques des couples en formation, s'affrontant calottes rouge vif hérissées, et les poursuites qui s'ensuivent. Puis, une fois le couple stabilisé, il fore sa cavité de nidification dans un tronc ou une branche morts ou malades d'un feuillu à une hauteur de 5 à 10 m, parfois plus haut. L'arbre choisi est très souvent un vieux chêne, mais peut être aussi d'une autre essence, hêtre, merisier, peuplier blanc.
Le Pic mar (4 ssp reconnues) à une répartition essentiellement européenne (ssp medius), aux latitudes tempérées, avec une extension au SE vers la Turquie (ssp anatoliae), le Caucase (ssp caucasicus) et les Monts Zagros en Iran (ssp sancijohannis), gagnant par la même occasion en altitude. Il est sédentaire ou tout au plus localement erratique. La variation entre les 4 sous-espèces est largement clinale.
Le Pic mar n'est pas considéré menacé actuellement par BirdLife International qui estime que la tendance démographique à court terme en Europe pour les années 2000-2012 était à la hausse. Si déclin il y a quelque part, il est forcément imputable à la gestion forestière, en particulier à la fragmentation des forêts de chênes, à l'élimination des arbres anciens ou dépérissants, et ce d'autant plus qu'on se trouve dans un contexte climatique difficile où les sécheresses estivales stressent les arbres et incitent à leur exploitation, éventuellement à titre préventif. L'avenir n'est donc pas forcément rose pour le Pic mar.