Précieux agents sanitaires

Les Vautours fauves sont des grands rapaces charognards susceptibles de se substituer de façon avantageuse à l'équarrissage industriel et du moins à le compléter.
Ils sont capables de nettoyer en peu de temps, les cadavres des ongulés sauvages - chamois, chevreuils, bouquetins - et domestiques - moutons, chèvres, bovins- qui ont péri par accident ou maladie ou qui y sont mort-nés. Lorsque les lieux où se trouvent les carcasses sont difficiles d'accès, l'intervention de ces grands oiseaux nécrophages est encore plus appréciable.
Leur morphologie ne les destine qu'à cette fonction. Leur courte queue et leurs larges ailes d'une envergure totale de 2,40 à 2,80 m si propice à leur vol plané, leur interdit les manSuvres à la poursuite et la capture des animaux vivants et sains. Leurs serres, aux griffes courtes sont inaptes à la préhension. Leur poids en moyenne de 8 Kg et leur silhouette trapue sont à cet égard des handicaps supplémentaires.
Au contraire, ils sont des maîtres absolus du vol à voile. Doté d'un sens infaillible pour déceler les ascendances thermiques et de pente, ils sont capables de s'élever à de très hautes altitudes sans le moindre battement d'aile et ensuite de parcourir de longues distances à la recherche de charognes. A cet effet, ils évoluent presque toujours en groupes et de façon espacée. Ainsi, de leurs yeux très perçants, ils sont en mesure d'explorer des vastes espaces à la recherche de dépouilles d'ongulés très dispersés.
Dans le passé, les vautours on fait l'objet d'une répulsion irrationnelle et d'une hostilité absurde très contre-productive. Ils étaient victimes de tirs et d'empoisonnements volontaires ou collatéraux. Les électrocutions, l'équarrissage industriel généralisé et la transhumance mécanisée ont contribué au déclin.. A l'exception d'une petite population résiduelle dans les Pyrénées atlantiques, ces rapaces historiquement bien présents en France, étaient totalement décimés en tant que nicheurs dans la première moitié du siècle dernier.
Au début des années 80, le Parc national des Cévennes et la LPO avec le Fonds d'intervention des rapaces (FIR) ont procédé à la réintroduction du Vautour fauve sur le site des falaises de la Jonte, dans les Grandes Causses. L'amélioration progressive des méthodes à abouti à l'existence pérenne d'une colonie significative. A la suite de ce succès d'autres lâchées ont eu lieu dans les Baronnies, les Gorges du Verdon et le Vercors. A présent la population totale des Vautours fauves résidant en France se situe autour de mille individus.
Ils jouent un rôle considérable comme éboueurs de la nature et d'équarrisseurs des pertes d'élevage...Toujours sous la surveillance des autorités sanitaires, la collecte et le dépôt sur des charniers aménagés sont réalisés conjointement par des associations de bénévoles et des éleveurs. Ceux-ci ont obtenu localement l'autorisation d'installer leurs propres charniers (placettes) De cette manière, les charges et les nuisances (CO2) de l'équarrissage industriel se trouvent fort réduites à des conditions de salubrité parfaite. Toutes les analyses ont prouvé l'absence absolue de bactéries et de virus dans les fientes de vautours.
Il faut espérer que les introductions et la restaurations des Vautours moines, des Vautours percnoptères et des Gypaètes barbus connaîtront le même succès. Ils représentent des maillons différenciés et complémentaire dans l'équarrissage naturel. Le Vautour moine, plus solitaire, peut se contenter des dépouilles de petits mammifères et le gypaète de consommer même des os.

Créé le 10/03/2013 par Gilbert Blaising © 1996-2024 Oiseaux.net