Au cours du siècle dernier, elle avait déjà été signalée dans les Vosges, mais de façon très sporadique. Grâce à des investigations plus intenses et à une collecte plus organisée des informations depuis une dizaine d'années, la présence de cette espèce dans le massif alsacien-lorrain est à présent mieux documentée et plus certaine.
Ce petit rapace est plus facile à repérer à la vue que sa bien plus grande cousine nordique, la Chouette de Tengmalm. L'activité de celle-ci est exclusivement nocturne, alors que la chevêchette chasse au crépuscule et même de jour. De plus, elle se perche volontiers en affût à la cime d'un conifère. Elle se nourrit pour moitié de micro-mammifères et pour moitie d'oiseaux forestiers comme les mésanges et roitelets. Son aptitude à chasser de plein jour, sa petite taille et son habileté à se faufiler très vite entre les branches, lui sont d'un grand atout pour poursuivre et capturer les petits passereaux dans les fourrés et les taillis. Ses méthodes de chasse sont ainsi plus proches de celles de l'épervier que des autres rapaces nocturnes qui captent leurs proies sans les poursuivre.
A la différence aussi de la plupart des autres strigidés, les chevêchettes n'avalent pas entier leurs proies. Elles les dépècent sur place ou dans une cavité d'arbre, le plus souvent une ancienne loge de pics, qui peut leur servir de garde-manger outre d'abri pour se reposer et pour nidifier.
Nos ornithologues ont longtemps cru que dans notre région cette espèce ne pouvait habiter qu'aux étages sub-alpin des Hautes-Vosges. C'est en l'an 2000 seulement qu'elle a été découverte dans les Vosges du Nord et en 2008 dans le Massif du Donon. Dans ces zones, elle trouve les milieux qu'elle affectionne, à savoir les vieilles forêts de conifères ou de boisements mixtes relativement clairs et entrecoupées de clairières. Ces découvertes ont montré pour la première fois en France que le chevêchettes n'étaient pas inféodées de façon stricte à des conditions climatiques de nature quasi- boréale. Dans les Vosges du Nord, elle privilégie tout de même les fonds de vallons humides, voire tourbeux, restant frais en été.
On peut espérer qu'à la faveur d'une prospection plus intensive et systématique, d'autres sites occupés pourront être décelés, rendant moins lacunaire la répartition connue de ces oiseaux.
Dans une communication parue dans la revue Ciconia, l'ornithologue Yves Muller (auteur de nombreuses études et publications scientifiques) a estimé en 2011 que la population vosgienne de cette espèce se situait dans une fourchette de 60 à 120 couples selon les années.
C'est de septembre à octobre et de février à avril, que les chevêchettes font entendre leur voix de façon la plus soutenue. Comme ce sont en général les émissions sonores des oiseaux qui permettent le premier repérage de leur localisation, s'ouvre donc maintenant la une nouvelle période où la recherche de ces petits et rares rapaces est propice.