Curieuses perforatrices

Les Bécassines des marais ne sont visibles en Lorraine qu'au cours de leur migration printanière et automnale culminant en octobre et novembre. Ces oiseaux font partie de ces nombreuses espèces de limicoles qui ne font que traverser notre région ou y effectuer des haltes provisoires pour reconstituer leurs réserves énergétiques.

Dans le grand groupe des limicoles, elles appartiennent à la famille des -Scolopacidés- qui sont spécialisées dans l'exploration des sols marécageux et des vasières de bords d'eau douce ou saumâtre.
Pour pouvoir observer les bécassines des marais lors de leurs passages dans notre région, il convient de se rendre sur les berges de nos étangs aux vases découvertes par la sècheresse ou les vidanges piscicoles. Il faut beaucoup d'assiduité et / ou de la chance pour les voir. Outre que ces oiseaux sont toujours très localisés de façon bien éphémère, ils sont aussi très farouches et très mimétiques.
De la taille d'un merle, mais bien plus trapue et à courte queue, la bécassine possède un plumage brun et roux marbré des raies sombres et des liserés pâles. Cette robe se confond avec les couleurs du milieu boueux à végétation herbacée offrant des trouées où elle aime à se camoufler. Pour se nourrir, elle n'hésite pas à s'avancer sur la vase exondée ou couverte au plus de 10cm d'eau, mais de préférence au crépuscule.
Lorsqu'elles perçoivent une menace, même à 100 m, ces oiseaux se tapissent d'abord au sol. Si le risque se précise, elles prennent la fuite dans un essor brusque en s'élevant dans les airs par un vol en zigzague propre à dérouter un rapace prédateur.
Avec leur long bec d'apparence démesurée, elles sondent la vase, la boue et les terres mouillées où grâce aux nerfs tactiles dont leurs mandibules sont munies, elles arrivent à repérer et à cueillir leurs proies sans les voir. Leur pitance est surtout constituée de lombrics, larves et adultes d'insectes, mollusques et crustacés. Sont aussi absorbées des graines de plantes aquatiques : renoncules, rumex, carex, glycérie etc. Les prises animales sont souvent -aspirées- et avalées le bec encore enfoncé.
La pénétration saccadée et rapide du bec ressemble un peu à la perforation mécanique de l'aiguille d'une machine à coudre.
En Europe, les principales zones de nidification de cette espèce se situent en Grande Bretagne, en Scandinavie et dans la plaine germano- polonaise. On estime que seulement 300 couples nichent en France, pour l'essentiel en Vendée, dans le Cantal et en Franche -Comté.
Une partie importante des populations de Bécassines des marais hivernent en France en particulier dans les départements littoraux. Mais cette espèce étant très sensible au froid, beaucoup d'individus descendent dans la péninsule Ibérique et au Maroc.
En Europe, la population des bécassines est en déclin, plus ou moins prononcé selon les pays. La principale menace qui touche ces oiseaux est le drainage des prairies humides et des près marécageux pour leur mise en culture. Cette espèce a gardé cependant le statut de gibier en France. L'Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage estime à 275000 les -prélèvements cynégétiques- annuels dans l'hexagone !

Créé le 11/11/2012 par Gilbert Blaising © 1996-2024 Oiseaux.net