Découvertes hasardeuses

Rares sont à présent les occasions d'apercevoir en Lorraine un Bruant zizi, ce cousin du Bruant jaune. Il y a quelques lustres, il était localement assez commun dans les Côtes de Moselle et de Meuse.

Ce passereau y affectionne les pelouses calcaires ainsi que les pentes garnies de buissons et de haies denses, de vignes et de vieux vergers, à savoir des lieux ouverts, assez secs et ensoleillés. La déprise agricole et le repeuplement forestier des coteaux Ont été défavorables à cette espèce qui évite les zones étendues de végétation élevée et compacte. L'emploi massif des pesticides et herbicides dans ce qui restait de leurs milieux favoris a eu en sus un rôle néfaste pour ces passereaux comme pour bien d'autres.

S'ajoutent enfin les fluctuations habituelles des populations d'oiseaux dans toute région marginale par rapport à l'aire de répartition principale de l'espèce. La Lorraine est limitrophe de celle du Bruant zizi incluant une grande partie de la France, la Péninsule ibérique, l'Italie, les Balkans, la Grèce, l'Ouest de la Turquie et les Iles méditerranéennes. Dans notre région, la vallée de la Moselle constitue une limite septentrionale de leur zone de présence permanente dans l'hexagone.

Zizi est une onomatopée dérivée du chant de cet oiseau : tsittsittsit et sisisisi. A quelques nuances près, il ressemble à celui du Bruant jaune dont la population est plus abondante dans notre contrée. D'ailleurs, ces deux espèces sont bien ressemblantes par l'allure, les teintes du plumage, les milieux fréquentés et la nourriture. Tous deux sont réputés sédentaires, voire tout au plus erratiques.

Cependant, les mâles de ces deux espèces ne peuvent pas être confondus lorsqu'ils sont bien vus, en particulier leurs têtes. Alors que celle du Bruant jaune est presque entièrement jaune vif, le Bruant zizi a un trait sourcilier et une gorge noirs bien marqués. Ce dernier va du bec jusqu'au cou en traversant l'œil. Il est surmonté d'un sourcil jaune et souligné par une bande de même couleur. De façon moins évidente, d'autres particularités du plumage les distinguent. Le zizi possède un croupion vert olive, celui du Bruant jaune est brun-roux. Ces variantes sont très caractéristiques. Les femelles sont plus difficiles à différencier, mais ce sont elles aussi, ne chantant pas, qui passent souvent inaperçues.

Au printemps, pendant la période nuptiale, les mâles chantent volontiers à découvert perchés à la cime d'un arbre ou d'un buisson et sur un poteau ou un fil. Autrement, ces oiseaux aiment rester cachés dans la végétation de préférence dense et basse, car c'est près du sol qu'ils trouvent l'essentiel de leur alimentation. Granivores toute l'année, ils se nourrissent des graines de céréales, chiendent, pâturin, ray-grass, stellaire, renoué, séneçon, ortie etc. Toutefois, pendant la période de nidification de nombreux insectes, larves, araignées et lombrics sont cueillis pour apporter les protéines nécessaires à la croissance des oisillons.

La ponte, qui comprend en moyenne 4 œufs, a lieu vers la mi-mai. Auparavant, c'est la femelle qui aura choisi l'emplacement du nid et qui l'aura construit. L'ouvrage bien élaboré est le plus souvent situé entre 50 et 150 cm du sol et bien abrité dans une haie, un buisson ou une plante grimpante. Il arrive aussi que le nid soit bâti à terre, mais toujours bien dissimulé.

C'est encore la femelle qui couve pendant 11 à 15 jours. Toutefois, pendant ce temps, le mâle chante moins pour se consacrer au ravitaillement de sa compagne au nid. Après l'éclosion, il prend de même une part importante au nourrissage des petits constitué alors d'aliments carnés comme les insectes et chenilles.

Quant aux naturalistes, ils nourrissent l'espoir que le réchauffement climatique et l'extension des vignes dans les côtes favoriseront à nouveau une présence plus abondante dans notre région de cette espèce haute en couleur.

Créé le 13/09/2015 par Gilbert Blaising © 1996-2024 Oiseaux.net