© Gilbert Blaising
L'observation des Aigrettes garzettes, ces sveltes et immaculés échassiers, devrait faire partie des devoirs de vacances.
Elles sont très communes le long du littoral atlantique de la Bretagne jusqu'en Aquitaine et de celui du Languedoc, tous lieux très prisés par les touristes estivants. En Camargue, leur fief d'origine en France, on peut les voir souvent en compagnie des Hérons gardeboeufs, un autre échassier plus petit et plus trapu, qui se nourrit des insectes soulevés par les taureaux en pâturant.
Les petits poissons constituent une part importante de la nourriture des aigrettes. S'y ajoutent les batraciens et leurs têtards, des crustacés, des vers de même des insectes et leurs larves. Elles sont assez éclectiques, mais dans leurs milieux spécifiques. Pour la recherche de leur pitance, elles dépendent des eaux peu profondes largement découvertes, douces ou salées. C'est ainsi que les rizières de la Camargue leur offrent des conditions idéales. Ailleurs, elles fréquentent les rives plates des étangs et des lagunes, des mares, des marais inondés, les berges et les îles des rivières, voire les bords de fossés et de canaux, comme dans le Marais breton, par exemple.
En raison la blancheur de leur plumage, de leur taille atteignant 55-65 cm, de leurs évolutions peu farouches à découvert, ces échassiers ne peuvent pas passer inaperçus même aux observateurs non munis de jumelles.
Avec un peu d'attention, il est même aisé de suivre leur façon de quêter la nourriture... Elles arpentent tantôt à allure lente, tantôt plus pressée, les eaux de faible hauteur, puis s'arrêtent et dardent d'un coup de bec éclair la proie décelée, selon une pratique commune à d'autres échassiers, comme les Hérons cendrés bien connus.
Plus exclusivement que ces derniers, les aigrettes nichent en colonies. Leur sociabilité est telle qu'elles affectionnent même la proximité d'autres échassiers sociables qui nichent de la même façon : les hérons cendrés, les bihoreaux et dans le Sud les hérons gardeboeufs ainsi que les hérons crabiers.
En général, leurs nids sont construits sur des arbres d'essences variées dans des bois ou des galeries forestières riveraines. Parfois les colonies s'installent aussi sur des grands buissons de saules et de tamaris. Les nids n'exigent pas un support très solide. Constitués de branchettes grossièrement assemblées, ils sont d'une structure légère, comme sont légers leurs occupants. Les aigrettes garzettes adultes ne pèsent qu'entre 450 et 650 gr . Ce poids rapporté à leur taille à de quoi surprendre, bien que leur sveltesse soit frappante à la vue.
Depuis quelques années, les populations d'Aigrettes garzettes sont en nette expansion. En outre, leur aire de distribution s'est sensiblement agrandie en France. Elles ont progressivement -colonisé- le centre-est, sur l'Allier, dans la Dombes, en Forez. D'origine méditerranéenne, elles ont su s'adapter à des conditions de vie moins clémentes. Pourtant, elles restent sensibles au froid. Des vagues de basses températures sont susceptibles de leur être fatales. Au cours de l'hiver 1984-1985, on a ramassé 825 dépouilles sur les côtes. Ce péril est d'autant plus à redouter qu'une partie de ces oiseaux ont perdu leur instinct de migration au long cours qui les conduisait à hiverner en Espagne du Sud et en Afrique. Nombreuses sont celles qui à présent sont sédentaires dans l'hexagone.