Bazoncourt 2006 @ Didier Collin
Depuis quelques années, nous pouvons observer dans notre région la présence d'une espèce de grands oiseaux bien colorés à allure d'oies qui ne font pas partie de notre faune traditionnelle. Il s'agit d'Ouettes d'Egypte dont l'aire de répartition normale se situe dans les pays d'Afrique sub-saharienne et dans la haute vallée du Nil.
Les individus vus à présent en liberté chez nous, sont issus d'oiseaux évadés de captivité dans le sud de l'Angleterre où au siècle dernier, ils ont été introduits pour agrémenter des parcs privés et publics.
Afrique du Sud 2008 @ Didier Buysse
Des exemplaires échappés se sont naturalisés en se reproduisant sans aucune intervention des hommes. Partis d'Angleterre, un certain nombre ont formé le noyau d'une colonisation progressive des Pays-Bas, de la Belgique puis de l'Est de la France. Depuis quelques années, ils évoluent et nichent en Lorraine et en Alsace.
Au contraire de leur apparence d'oie, les Ouettes d'Egypte sont proches de canards, parmi lesquels elles sont rangées par les scientifiques. Ce sont des oiseaux d'eau qui ont les pieds palmés. Ils vivent sur ou proches des rivières et des étangs. Pour se nourrir, ils s'en éloignent toutefois pour paître dans les champs même un peu distants. Ils se joignent alors volontiers à des Cygnes tuberculés, voire des Oies cendrées. C'est là qu'ils cueillent herbes, feuilles et graines qui constituent la base de leur régime alimentaire.
Même observées de loin, les ouettes ne peuvent pas prêter à confusion tant leur robe de couleurs variées et tranchées est unique. La tâche brune autour des yeux, les longues pattes rouge rosé, le bec chair pâle à bords sombres sont caractéristiques outre leur plumage d'apparence insolite à dominante beige et châtain.
Saint-Pierre-la-Garenne 2008 @ Jean-Michel Peers
Comme tous les canards, ce sont des animaux grégaires en dehors de la période de nidification. D'habitude, on les voit donc rarement seuls. Des groupes de plus d'une dizaine d'individus ne sont plus rares, en particulier dans la vallée de la Moselle. Lorsqu'ils sont ainsi rassemblés, des querelles sociales éclatent, donnant lieu aux sifflements rêches des mâles et aux caquetages gutturaux des femelles.
Pendant leur reproduction, les couples nicheurs s'isolent et revendiquent un territoire, au besoin de façon très agressive. Le nid est situé à terre dans des buissons, dans une cavité d'arbre, de falaise ou de bâtiment, mais jamais éloigné de l'eau qui offre à ces excellents nageurs une meilleure sécurité. Un nid abandonné de rapace et de héron peut également faire l'affaire pour y pondre de six à dix œufs incubés durant 28 et 30 jours. Après leur naissance, les canetons ne sont capables de s'émanciper qu'au bout de 10 semaines.
Dans le prolongement de l'évolution observé, il est probable que l'expansion des Ouettes d'Egypte se poursuivra. Entreront-elles alors en compétition néfaste avec des espèces autochtones, comme c'est les cas des Ibis sacrés dans l'Ouest de la France. où ils sont à présent classés parmi les espèces invasives ? Nul ne le sait encore. L'avenir le dira, après que cette espèce aura été mieux étudiée dans son environnement lorrain et alsacien où pour l'instant elle constitue un apport appréciable à la diversité très menacée de l'avifaune.
Ay-sur-Moselle 2009 @ Daniel Pernet