De la taille de notre Moineau domestique, ce passereau fait partie de la famille des turdidés comme le merle, le rouge-gorge, et le rossignol. De même que ce dernier, les gorgebleues émettent un chant sonore composé de sons purs et flutés. Il comporte nombreuses imitations de bien d'autres espèces.
De façon générale, les gorges bleues sont très attachées aux lieux humides. En Europe, ces oiseaux se reproduisent depuis l'Espagne jusqu'en Scandinavie et en Russie. Toutefois dans cet immense espace leur présence est très sporadique. C'est le cas en particulier de la France. Au cours du grand inventaire national effectué entre 2009 et 2012 sur les 5875 mailles définies (10 X 10 km) en Frances, dans 266 seules des nidifications certaines ou probables ont pu être notées. Elles se situent dans deux zones. D'une part du littoral du Morbihan au Bassin d'Arcachon et quelques bases arrière ; d'autre part dans le Nord et Nord-Est : la Picardie, Nord-Pas-de-Calais et de façon encore très rare dans le Grand-Est en particulier en Argonne et le Nord-Ouest de la Meuse.
Toutefois ces deux grandes régions sont occupées chacune par une variété différente de cette espèce. Le Nord et le Nord-Est est habité par la sous -espèce cyanecula présente aux Pays-Bas, en Belgique et en Europe Moyenne, jusqu'en Hongrie et Slovénie. L'Ouest de la France est le bastion de la sous-espèce mamnetum. Les individus qui la représentent sont plus petits que ceux des 3 autres sous-espèces représentées en Europe De plus, ils sont endémiques, leur présence étant limitée à cette portion de notre hexagone. Cependant, ils constituent encore plus des deux tiers des effectifs de gorgebleues en France. Que ceux qui envisagent de passer leurs vacances d'été sur les côtes atlantiques veuillent s'en faire un but de découvertes, jumelles à l'appui. Par exemple, dans le Marais poitevin la densité atteint 3,4 couples / 10 ha et 5 couples / ha dans les salins de Guérande !
En ces endroits et partout ailleurs, l'espèce fréquente surtout les zones humides, douces, saumâtres ou salées. Les mamnetums appelés aussi Rougegorges de Nantes affectionnent les marais littoraux et salés. Elles privilégient ceux très compartimentés dont les talus sont garnis de tamaris et couverts de plantes, comme la Soude vraie. Les oiseaux de la sous-espèce cyanecula se cantonnent aux rives des cours d'eau calme et des étangs garnies de roseaux et parsemées de saules. Ils y aiment les petits espaces et bandes de sol nu de limon et de vase.
C'est là que ces oiseaux trouvent leur nourriture d'insectes, de larves, de petits mollusques et de lombrics. Ils passent donc une grande partie de leur vie au sol sous le couvert des plantes. Sur leurs lieux de nidification, ils se déplacent peu en vol. Même pendant la période nuptiale, les mâles ne se perchent guère au sommet d'un végétal pour chanter. Tous ces comportements se combinent pour compliquer l'observation de cette espèce en plus de sa relative rareté.
Si nos milieux humides et étangs sont maintenus en l'état actuel, il y a quelques chances au vue des récentes évolutions observées que les Gorgebleues à miroir deviennent des nicheuses régulières en Lorraine. En effet, la sous -espèce en cause en ces lieux connaît depuis ces dernières années un essor démographique significatif ayant en apparence débuté dans le Nord à partir des populations néerlandaises. En attendant, il convient de se rappeler qu'en avril-mai et aout- septembre ont lieu, certes on nombre restreint, mais de façon régulière des passages de migratrices se rendant dans leurs quartiers d'hiver en Afrique tropicale ou en n'en revenant ? C'est l'occasion, avec quelques chances, de pouvoir observer la sous-espèce nordique svecica qui a le miroir roux au lieu de celui blanc des individus qui séjournent et se reproduisent en France