Plus connue sous le nom de Chouette chevêche, elle fait partie des oiseaux à caractère mythique. Dans le passé, elle était crucifiée sur les portes des granges pour conjurer le mauvais sort. Aujourd'hui les naturalistes s'efforcent de sauver cette espèce en fort déclin.
Aucun facteur environnemental n'est assez déterminant pour expliquer le déclin de la Chevêche d'Athéna. Certes, elle est grande consommatrice d'insectes, dont la diminution n'est pas sans influence. Mais, son régime alimentaire comporte aussi des petits rongeurs, comme le Faucon crécerelle qui n'est pourtant pas affecté par la même diminution.
Les remembrements et l'extension des monocultures ont été en grande partie réalisés aux dépends des bocages, qui parsemés de vieux arbres, constituent l'habitat préféré de ces oiseaux. Mais en Lorraine, il subsiste des secteurs non remembrés, aux biotopes propices, qui n'accueillent aucune Chouette d'Athéna.
Cette espèce niche dans les creux d'arbres, en particuliers des vieux saules, chênes et fruitiers de vergers. Elle adopte aussi des trous de murs. Pour causes d'inutilité, de gêne, voire de danger, ces vieux arbres ont été abattus à grande échelle. Les spécialistes estiment que s'est la cause la plus décisive de l'amenuisement de ces rapaces nocturnes.
C'est d'ailleurs pour cela que les actions de sauvegarde, entreprises de puis quelques années par les naturalistes, consistent prioritairement dans la construction et la pose de nichoirs artificiels que ces oiseaux acceptent. Nichoirs dont les emplacements ne peuvent être choisis au hasard, car lorsque l'espèce était plus commune, elle était très inégalement répartie et absente de grands espaces qui étaient favorables.
Les actions de sauvegarde consistent donc d'abord à repérer les lieux où des individus sont encore présents. A partir de l'étude des données orales ou écrites disponibles sur les observations passées, des zones de probabilité sont explorées à l'écoute du chant de ces oiseaux qui est surtout émis de février à avril.
C'est dans les secteurs où le rapace a été entendu, voire vu, que des nichoirs sont installés dans des endroits sensés convenir à la quête de sa nourriture.
Il s'agit d'une tâche considérable dont les acteurs ne peuvent avoir la certitude qu'à terme, elle permettra d'éviter la disparition de cette petite chouette dans notre région.
Rare, la Chevêche d'Athéna est peu connue du grand public, en dépit du fait qu'elle se montre également dans la journée, contrairement aux autres rapaces nocturnes. Perché sur un muret, un piquet ou une basse branche, elle aime à réchauffer son plumage au soleil. Mais à peine plus grande qu'un merle et parée de couleurs mimétiques - dessus brun foncé tacheté et barré de blanc, dessous blanchâtre rayé de brun foncé- elle n'attire pas l'attention, sinon par ses grands yeux jaunes sous un front bas qui lui donne un air à la fois renfrogné et triste.
Triste de voir la folie des hommes touchant l'environnement, elle qui est la compagne d'Athéna, la déesse de la sagesse.