© Yvon ToupinPoint n'est besoin de décrire le Héron cendré qui nous est devenu familier. D'une stature à peine inférieure à celle de la Cigogne blanche, il lui arrive souvent de se tenir immobile, droit et cou replié dans un champ près d'une route, voire à proximité d'un lotissements de banlieue. Cependant ses milieux favoris sont le bord des étangs, des mares, des gravières re-naturées, des cours d'eau, car les poissons constituent sa nourriture principale.
Ce régime alimentaire, non exclusif, a failli constituer sa perte dans la première moitié du siècle dernier où l'élimination des hérons était officiellement encouragée et systématiquement pratiquée. Grâce aux travaux des scientifiques qui ont démontré son impact très secondaire, voire insignifiant, sur la pisciculture, cette espèce est à présent inscrite sur la liste des oiseaux intégralement protégés.
Espèce très commune maintenant, sa population n'a pas explosé. La mortalité des jeunes au nid ou après l'envol est très grande. Les vagues de froid causent des pertes quelques fois sévères aux adultes. Cette vulnérabilité est corrigée par la longévité de ces oiseaux dont l'âge peut atteindre et dépasser 15 ans.
© Michel TelliaVolontiers isolés pour capturer leurs proies, les Hérons cendrés sont des oiseaux très sociables. Ils nichent de préférence en colonies souvent importantes dans la cime de grands arbres, surtout feuillus, mais d'essences diverses. Ces grandes héronnières sont des établissements permanents, réoccupés chaque année. Dans le Kent en Angleterre, une héronnière encore occupée en 1994 était déjà mentionnée en 1293 ! Les nids sont tous les ans rechargés et peuvent donc devenir imposants. Les moineaux, les étourneaux et quelques autres passereaux s'installent volontiers en sous-locataire dans ces structures. Elles ne sont jamais très éloignées de l'eau ou de zones humides, bien que ces grands oiseaux puissent avoir un rayon d'action de plus de 15 km à partir de la héronnière.
© Marcel Van der TolLes postures du Héron cendré sont typiques. Tantôt debout inerte, le cou rentré, il semble dormir. Il ne cesse pourtant de surveiller les proches alentours en vue d'y saisir une proie. Tantôt, il arpente lentement, à pas mesurés, le cou oblique et le bec à l'horizontale une rive ou une eau peu profonde. Une proie repérée, il s'arrête, s'incline et déclenche son fulgurant harpon. Lorsque le bec a saisi sa proie, celle-ci est généralement avalée aussitôt.
Sa prédilection va aux poissons des eaux riveraines, mais par nécessité, il ne lui est pas permis de dédaigner, comme dans la fable de LA FONTAINE, bien d'autres mets. Il happe aussi couleuvres, grenouilles, mollusques, vers et insectes. En fin d'été, en automne et en hiver, dans les champs et les près, les campagnols, taupes et musaraignes complètent son menu. Autant les poissons sont complètement digérés, arrêtes comprises, autant les os et poils de micro-mammifères sont rejetés sous forme de pelotes de résidus.
© Alban CordobaLe vol du Héron cendré qui commence par deux ou trois bonds, paraît lourd. Les larges ailes rament profondément, mais assez lentement. De fait, la vitesse de vol ne dépasse pas 40 km à l'heure et, sauf au cours des migrations, il évolue rarement à plus de 100 m. C'est ainsi que nous entendons son cri rauque, lorsqu'il survole le soir nos maisons pour rejoindre son dortoir.
A notre population locale en majeure partie sédentaire, s'ajoutent en hiver de nombreux individus ayant fui les climats plus rigoureux du Centre et du
© Hervé MichelNord de l'Europe : Allemagne, Pologne, Danemark, Estonie Suède. On peut alors observer sur les étangs du Saulnois de grands rassemblements qui ressemblent à des troupes de vigiles en cantonnement, mais sans leur allure martiale, car les hérons n'ont pas de prédateurs, hormis l'homme, tant leur bec constitue une arme redoutable.