Champion de l'air - Le Martinet noir

Au mois de juillet lorsque la plupart des passereaux sont devenus discrets, les cris sonores et joyeux des martinets raisonnent encore dans nos villes et villages au cours de leurs folles rondes aériennes. Le soir, ils font le spectacle pour les estivants installés aux terrasses des cafés.


Mais dès le début d'août, ils quittent notre scène pour poursuivre leurs tournées en Afrique sub-saharienne d'où ils ne reviennent que fin avril, début mai.


Leur vitesse et leur capacité manoeuvrière soutenues en vol sont sans égal. Sur de courtes distances ils peuvent atteindre 60 m/sec (200 km / h ) alors qu'en général ils évoluent plutôt entre 40 et 100 km / h. Leur dextérité pour foncer en groupe entre les bâtiments, les arbres et les réseaux de fil est inouïe.


Toute leur anatomie concourt à ces performances : corps mince et très fuselé, queue courte, longues ailes très effilées et incurvées, pattes courtes et une extrême acuité visuelle s'adaptant à la lumière intense comme à celle du crépuscule.


Les martinets sont communément confondus avec les hirondelles qui font partie d'une toute autre famille d'oiseaux en dépit de certaines ressemblances, en particulier en matière de régime alimentaire. Dans les deux cas, il est constitué exclusivement de petits insectes capturés en vol, de même que dans les deux cas la boisson est cueillie en effleurant du bec la surface d'un plan ou d'un cours d'eau.


Nos hirondelles ont les ailes plus larges et plus courtes qui leur confèrent un vol plus souple, plus capricieux et moins rapide. Les deux espèces présentes dans notre région, à savoir celle des fenêtres et celle rustique, ont un ventre blanc. Les deux ont des queues visiblement fourchues. Ces deux espèces sont régulièrement perchées sur des fils aériens ou des branches d'arbres pour se reposer et soigner leur plumage. Elles viennent à terre pour cueillir la boue nécessaire à la construction de leur nid.


Au contraire, les martinets ne quittent l'espace aérien que pour nidifier dans une cavité de mur, voire de falaise ou d'arbre. Grâce à leurs griffes puissantes, ils réussissent à s'agripper et à grimper sur ces parois. Ils ne sont jamais à terre, sauf par accident et dans ce cas ils ont le plus grand mal pour reprendre leur vol.


Hormis leur présence au nid pour la reproduction, toute leur vie se passe en l'air. Ils s'y nourrissent, s'y reposent et même s'y accouplent. Pratiquant le vol par battements très rapides des ailes entrecoupé de courts planés, ils savent aussi utiliser le vol à voile en se faisant porter par des ascendances thermiques jusqu'à des hauteurs entre 2000 et 3000 m où ils évoluent à vitesse réduite et au besoin en somnolant.


Pour fuire le mauvais temps et suivre les nuages de plancton aérien, il leur arrive fréquemment de s'éloigner de plus de 200 km de leurs nids. Pendant ces exodes de plusieurs jours, les oisillons assez âgés peuvent survivre pendant plus d'une semaine dans un état de léthargie. Lorsque les parents reviennent, ils apportent, accumulées dans leur jabot, des boulettes de nourriture de plusieurs dizaines, voire centaines de proies agglutinées.


A cause de cette étroite dépendance alimentaire aux conditions atmosphériques et d'une fécondité qui se limite à deux ou trois oisillons par couvées, les effectifs de cette espèce sont constamment vulnérables. La longévité des individus qui dépasse couramment l'âge de 6 à 10 ans, voire certains bien plus, est de nature à corriger ces handicaps auxquels s'ajoute à présent la difficulté de trouver dans les bâtiments modernes, des cavités pour nidifier et s'abriter.


Au demeurant, l'observation de ces oiseaux hors pair- en l'air - est un sujet de stupéfaction renouvelé. Avis aux vacanciers de juillet frustrés de spectacles et à tous les blasés en général.

Créé le 08/07/2007 par Gilbert Blaising © 1996-2024 Oiseaux.net