Venu du froid, le Pinson du Nord

© Gilbert Blaising
© Gilbert Blaising

Hôte de passage, ce cousin de notre Pinson des arbres, erre régulièrement en groupes dans nos régions pendant l'hiver. A l'occasion, le gel et le froid sont susceptibles de le pousser à fréquenter les mangeoires dans nos jardins où nous pouvons alors l'observer depuis nos fenêtres.


Son apparition inusitée et sa robe bien particulière attirent d'emblée l'attention. Certes les mâles n'arborent pas en cette saison leur parure nuptiale avec le noir brillant sur la tête et le dos. Cependant, même en hiver, la couleur orange sur la poitrine et l'épaule, le blanc sur le croupion et le ventre, les distinguent nettement de leurs proches parents, les Pinsons des arbres dont ils aiment en cette saison, la compagnie en bandes.


Femelle © Aurélien Audevard
Femelle © Aurélien Audevard
Ces deux espèces font partie de la grande famille des fringilles, comme les Verdiers d'Europe, les Chardonnerets élégants et les Linottes mélodieuses, par exemple. Ils se caractérisent par un bec court et conique, aux mandibules tranchantes qui leur permettent de picorer et d'extraire les graines, de les décortiquer, de les morceler voire d'en écraser l'enveloppe. Ce sont donc essentiellement des granivores. C'est d'ailleurs pour cette raison que ces passereaux supportent assez bien nos hivers où subsistent des graines d'une foule de plantes : semences de conifères, graines de baies, de graminées et autres végétaux herbacés.Mâle © Cédric Girard
Mâle © Cédric Girard


Dans nos régions, les faines de hêtre, riches en farine oléagineuse, constituent la pitance de base des Pinsons du Nord. La plus ou moins grande fructification de cette essence d'une année à l'autre, n'est pas sans rapport avec l'abondance variable des Pinsons du Nord dans nos contrées pendant la mauvaise saison.



© Yves Thonnerieux
© Yves Thonnerieux
A cette époque, ces oiseaux ont pour habitude de se regrouper la nuit en dortoirs dans une parcelle de forêt mieux abritée du vent et du froid. Ces dortoirs, qui peuvent réunir un nombre considérable d'individus, resteront les points de ralliements nocturnes tant que les ressources alimentaires seront suffisantes dans un rayon de 50 km prospecté au cours de la journée.


Les disponibilités de nourriture du secteur une fois épuisées, le groupe se déplace brutalement vers un autre cantonnement. L' erratisme de ces oiseaux, toujours extrêmement grégaires en hiver, conduit la même communauté à fréquenter successivement des quartiers quelquefois très éloignés les uns des autres. Des Pinsons du Nord bagués en Belgique ont poursuivi leurs divers séjours dans le sud-ouest de la France puis en Catalogne et en Italie avant de regagner leurs lieux de nidification en Scandinavie.


© Christian Maliverney
© Christian Maliverney

En effet, l'aire de répartition et les territoires de reproduction spécifiques des Pinsons du Nord sont situés à l'intérieur et aux abords de la taïga scandinave et russe. Leur présence dans nos régions outre qu'elle est de courte durée, a un caractère sporadique et local. Pour les amoureux de la nature, c'est donc un vrai plaisir de pouvoir observer cette espèce de passereau sans devoir effectuer un voyage lointain et coûteux.


Toutefois, vu les changements de comportements migratoires déjà observés ça et là chez certaines espèces, il n'est pas exclu qu'à nos latitudes, le flux hivernal et le reflux printanier des Pinsons du Nord se trouvent progressivement réduits à cause du réchauffement climatique.


Créé le 14/02/2007 par Gilbert Blaising © 1996-2024 Oiseaux.net