La grande migration des limicoles a commencé et s'amplifiera au cours des prochaines semaines. Partant de leurs zones de nidification dans les régions septentrionales de L'Europe, voire de l'Asie, ils se rendront dans leurs quartiers d'hiver situés dans le Sud de notre continent et en Afrique.
Ce grand voyage se fait par étapes avec des haltes y compris pour certaines en Lorraine. Parmi les espèces de cette riche famille, les Bécasseaux variables sont les plus fréquentes à pouvoir être observés. Cependant, toutes ces diverses variétés de limicoles de passage ayant à cette époque perdu en très grande partie leur plumage nuptial bien caractéristique, sont assez difficiles à distinguer et à classer, même par les naturalistes avertis.
Pour être identifiés, les variables font un peu exception. Au début de l'automne, ils conservent souvent des traces encore bien marquées de leur grande tâche ventrale noire si typiques sur leurs lieux de reproduction.
Les côtes de la Norvège, de la Finlande, de l'Islande, du Danemark, de l'Ecosse, de l'Irlande, voire du Groenland, sont les principaux lieux, mais non exclusifs, de nidification de ces oiseaux. Pendant une grande partie de l'année, leurs préférences vont aux estrans et leurs vasières, aux plages à galets et algues, aux digues et aux môles. Les embouchures de cours d'eau, les lagunes, les berges des lacs sont bien fréquentées aussi. Pour nidifier, les bécasseaux variables choisissent des milieux ouverts où la végétation rase alterne avec des massifs herbeux plus élevées. Ils les trouvent dans la toundra, les tourbières, les deltas, les vallées fluviales et les landes humides, même en altitude.
C'est en ces endroits qu'ils construisent leurs nids soignés à l'abri d'une touffe d'herbe, d'airelles ou de bruyères. Une des caractéristiques de ces petits limicoles est leur fidélité à leur territoire de nidification. Les mâles y reviennent chaque printemps de leur vie, de cinq à six ans en moyenne, pour donner engendrer avec leurs femelles trois ou quatre rejetons capables de voler à environ 20 jours. A cette époque, la longueur des journées sous ces latitudes et l'abondance des larves de moustiques en particulier, procurent une richesse nourricière très propice.
Toutefois, le régime alimentaire de ces oiseaux tout au long de l'année est plus étendu. Les vers, petits mollusques et crustacés représente le menu principal. A l'occasion, diverses graines et petits poisson offrent un complément de nourriture. Plus à l'intérieur des terres, les diptères, tipules, coléoptères, éphémères etc. sont dominants.
A cet égard, ces oiseaux sont d'une intense activité avant le départ pour leurs quartiers d'hiver situés à de très grandes distances. Pour les franchir, il faut constituer des réserves énergétiques grâce à un bon matelas de graisse. Les voyages commencent en août et culminent en septembre. La voie principale part de la Mer du Nord et suit ensuite le littoral atlantique pour aboutir en Mauritanie, pour le gros des populations. Cependant, un bon nombre hivernent sur le littoral français, espagnol et portugais.
De même, s'écartant de leur route commune, des groupes de migrateurs traversent l'intérieur des terres et y font étapes. C'est ainsi qu'ils peuvent être observés à la fin de l'été et en automne sur les rives et vasières des nombreux étangs de notre région. De la taille d'un étourneau, ils ne sont pas faciles à reconnaître si les traces de noir sur le ventre sont absentes, ce d'autant plus que leur bec noir est plus ou moins long ainsi que plus ou moins incurvé chez les divers individus, d'où leur qualificatif de variable.