En France les Huitriers Pies sont présents sur le littoral de la Manche, de la Bretagne, de la façade atlantique et enfin, mais en nombre bien moindre, sur celui du Languedoc et en Camargue. Ils sont faciles à identifier autant par leur aspect que par leurs émissions sonores à nulle autre pareilles.
Ce qui caractérise de prime abord ces limicoles de la taille d'un pigeon est le long bec rouge-orange vif, les pattes roses et le plumage contrasté de noir dessus et de blanc dessous. De plus, ces oiseaux sont en général peu farouches et donc faciles à observer sur les plages, rochers, digues et dunes où ils se reposent, se toilettent et cherchent leur nourriture.
Celle-ci est constituée en toute saison de coquillages et mollusques (moules, coques, bigorneaux….) de crustacés (crabes, crevettes….) ainsi que de vers et d'insectes. Le bec des huitriers à l'extrémité aplatie et carrée sert tour à tour de ciseau, de couteau, de marteau et de levier. Les patelles collées aux rochers sont détachées en se servant du bec comme levier, le moules sont percées par martelage, les coques sont ouvertes par insertion du bec entre les valves. Pour pratiquer leurs forcements les huitriers utilisent souvent un endroit dur comme enclume.
De même, sont-ils doués pour sonder le sable et la vase à la recherche de coquillages enfouis et de vers. Cette quête à l'aveuglette n'est possible que grâce à une sensibilité tactile du bec qui sait faire la différence entre proies vivantes et coquilles vides. Ils repèrent aussi les mollusques à leur orifice respiratoire et les vers lors du rejet de leurs excréments. La vue et le toucher se combinent de façon très efficace.
Cependant ces oiseaux ne sont pas capables, en dépit de leur bec à multi usages, d'ouvrir des huitres. Leur désignation commune dans plusieurs langues dérivée du nom scientifique latin Haematropus ostralegus est donc inappropriée. Les italiens en nommant ce limicole Beccaccio di mare (Bécassine de mer) ont été plus judicieux.
La vocation maritime des huitriers est en effet primordiale, sans être exclusive. Leurs besoins alimentaires les portent bien entendu à fréquenter les côtes de la mer et de préférence celles soumises à des marées de forte ampleur qui renouvellent grandement l'offre de pitance. Leur faveur va aux littoraux plats, aux vasières des baies et estuaires. La présence en ces lieux de promontoires, rochers, digues et autres sites élevés où se reposer en toute sécurité, est très appréciée. Cette alternance de gagnages et de reposoirs côtiers n'exclue pas les incursions dans les près et les champs proches du rivage où ces oiseaux se reposent et se nourrissent en particulier de lombrics lorsque le temps et la mer se gâtent trop dans leurs territoires de prédilection.
Un autre trait essentiel des huitriers est leur grande sociabilité. Les individus isolés sont rares. Au contraire, ils restent en général en groupes quelquefois importants. Toutefois leur réunion reste assez lâche, chacun gardant toujours quelques distances avec ses congénères, car ils sont par nature très querelleurs. Cette agressivité se manifeste toute l'année, mais surtout au début de la nidification. Elle donne lieu à des manifestations spectaculaires soit en vol, soit à terre en intimidant le voisin par des cris plaintifs et en déployant les ailes à la verticale au-dessus du dos. Les escarmouches entre rivaux ne sont pas rares, à coups de bec et d'ailes. Cette agressivité permanente qui va de pair avec une forte grégarité est paradoxale. Mais n'en est-il pas de même du genre humain ?