Ces grands oiseaux sont classés parmi les rapaces bien qu'ils le soient si peu par leur comportement et leur régime alimentaire. S'ils ne négligent pas à l'occasion des proies vivantes, ils sont essentiellement des charognards, glanant à terre et sur l'eau toutes sortes de restes carnés : poissons et mammifères morts, nourritures abandonnées par les hommes, détritus sur les décharges. De ce point de vue, ils ont une certaine parenté avec les vautours.
Dans notre région deux espèces sont observables : le Milan noir et le Milan royal.
Ils ont en commun la silhouette aux ailes coudées et à la queue échancrée, nettement fourchue chez le Milan royal dont l'envergure peut atteindre 1,70 m, soit une dizaine de cm de plus que celle son cousin. Planant avec aisance ou volant nonchalamment la plupart du temps, ils sont capables de toutes les prouesses : vrilles, virevoltes, décrochements, louvoiements, effleurements précis du sol ou de l'eau. Les pivotements et les étalements à "géométrie variable" de la queue jouent à cet effet un rôle de gouvernail spectaculaire et caractéristique.
Le Milan noir n'a de noir que le nom et l'apparence de loin. Le dessus du corps est brun sombre, le dessous brun roux strié de noir, la tête grisâtre striée de sombre. En vol, il montre sur le dessous de chaque aile une zone plus pâle. Femelle et mâle sont pareils.
C'est près des étangs et des cours d'eau que cette espèce est la plus abondante puisque les poissons morts saisis au ras de l'eau, sont sa nourriture de prédilection. Mais elle n' est pas exclusivement cantonnée dans ce milieu. Ces oiseaux sont capables de parcourir des km le long des routes et à travers champs pour trouver des animaux, petits et grands, victimes du trafic routier ou des engins agricoles. Ils ne dédaignent pas à cette occasion, les rongeurs et insectes vivants à leur portée. Ils sont également des visiteurs assidus des décharges où on peut souvent les observer à plusieurs se repaître des déchets alimentaires. Cette fréquentation les conduit d'ailleurs à utiliser des lambeaux de chiffons, de plastiques et de papiers pour tapisser leur nid.
Ce sont des migrateurs au long cours qui partent dès le mois d'août pour rejoindre leurs quartiers d'hiver en Afrique tropicale d'où cependant, ils reviennent déjà en février et mars. Ils sont quasiment les premiers oiseaux migrateurs à revenir.
Les Milans noirs sont communs dans notre région et leurs effectifs ne sont pas actuellement menacés.
Ce n'est malheureusement pas le cas du Milan royal. En 1982, le nombre des couples nicheurs dans notre région était évalué à environ 800 et représentait ainsi un tiers de leur population en France. Aujourd'hui, il n'en reste quasiment plus. On ne les aperçoit plus que de passage en septembre / octobre et en mars, soit au moment où ils migrent pour hiverner dans le sud de la France, en Espagne et au Maghreb, soit lorsqu'ils reviennent pour nicher en Europe centrale.
Leur décimation dans nos régions a pour cause majeure l'empoisonnement à la bromadolione utilisée à grande échelle dans les traitements anti-campagnols pratiqués dans l'agriculture.
Parmi les rapaces de notre région, le Milan royal était sans conteste le plus élégant par sa silhouette svelte, son vol souple et aisé ainsi que son plumage aux tons francs et tranchés, alternant des zones de brun cannelle, de brun rouille, de gris foncé et de gris pâle, le tout diversement liseré et strié.
Royal par sa robe, il est rustique, voire fripon, par son alimentation. Charognard comme son cousin, les cadavres de mammifères, notamment ceux de campagnols ( ceci explique cela ) tiennent une bien plus grande place dans son menu.. De plus, il est volontiers parasite en chapardant des proies aux aires d'autres rapaces et en s'emparant des reliefs dans les héronnières
Il est nettement moins lié aux étangs et cours d'eau que le Milan noir et se complaît aussi bien dans les campagnes parsemées de boqueteaux et de bois, mais à relief modéré. S'il niche de préférence dans les grands arbres de futaies claires, il cherche sa nourriture en écumant les espaces découverts des champs, prairies et friches.
Pour l'observer autrement qu'au cours de ses éphémères transits saisonniers, nous, les Lorrains, devons à présent nous rendre dans d'autres pays. Sa disparition en deux décennies dans notre région est tristement emblématique de l'appauvrissement accéléré et dramatique de notre biodiversité. Le Milan royal en était un joyau et il y jouait, depuis la nuit des temps, un rôle bénéfique d'éboueur et d'équarrisseur bénévole.