Les oiseaux migrateurs : Souvent stressés, rarement déboussolés



Le fameux film de Jacques PERRIN "Le peuple migrateur" a magnifiquement illustré l'exploit étonnant que représente la pérégrination automnale et printanière qu'effectue la majorité des espèces d'oiseaux.


La faculté stupéfiante des oiseaux de s'orienter reste pour la plupart d'entre nous un motif de questionnement.


On a vérifié que l'orientation astronomique joue un rôle majeur ; le soleil le jour et les étoiles la nuit. En effet, certains migrateurs sont essentiellement nocturnes : Huppes fasciées, Torcols fourmiliers, rossignols, tariers, traquets etc. D'autres strictement diurnes hirondelles, pipits, mésanges, pinsons etc. Tout le monde sait que les oiseaux ont une acuité visuelle considérablement supérieure à celle des hommes. Qui plus est, leurs yeux sont sensibles aux ultraviolets et à la lumière polarisée. Une couverture nuageuse pas trop épaisse ou discontinue ne constitue donc pas un obstacle à cette orientation par les astres qui implique d'ailleurs une "horloge" interne pour prendre en compte le mouvement apparent de l'astre du jour.


D'autres expériences faites avec des Rouges-gorges et des Pigeons voyageurs, suggèrent que les oiseaux réagissent aux forces du champ magnétique terrestre qui varient en chaque point du globe. Elles sont susceptibles de les guider s'ils ne peuvent pas percevoir le soleil ou les étoiles, sans que l'on connaisse encore les dispositions internes de captage du magnétisme. Les Chevaliers combattants migrant de la Sibérie orientale vers l'Afrique occidentale et qui au lieu de prendre la ligne apparemment directe traversant le continent sur la carte géographique, choisissent de passer par l'Océan arctique, la Norvège et l'Europe occidentale, économisent ainsi 20 % du voyage. Il est plus que vraisemblable que ces oiseaux sont guidés autant par les valeurs du champ magnétique que par les astres.


Enfin, il est patent depuis longtemps par l'observation courante, que les oiseaux utilisent le pilotage à vue, se fiant à leur très grande capacité de mémoriser les repères topographiques : cours d'eau naturels et artificiels, étangs, vallées, cols, voire grands édifices servant de "phares ".


Il ne suffit pas de prendre une fois pour toutes le cap et ne plus en dévier, car en cours de route il faut trouver des lieux de repos tranquilles et des aires de ravitaillement éventuellement spécifiques à l'espèce considérée : futaies, haies, étangs, vasières, prairies humides etc. Les oiseaux migrateurs doivent donc être capables, et assurément ils le sont, de rectifier souvent leur trajectoire comme un navigateur en haute mer déporté par les vents et les courants. On a observé dans les îles de l'Ecosse des grives et autres petits migrateurs nocturnes du Nord de l'Europe se réorienter à l'aube lorsqu'ils se sont aperçus qu'ils avaient été déviés par des vents d'Est au-dessus de la mer.


Cette expérience répondrait aussi à la question de savoir si le sens de l'orientation est inné ou acquis chez les oiseaux. Programme génétique ou apprentissage ? Les deux, successivement et concomitamment avec sans doute une prépondérance du premier pour le choix des grands axes. Le jeune Coucou gris né au printemps, ne peut prendre la bonne direction pour rejoindre les quartiers d'hiver de son espèce en Afrique tropicale que grâce à son sens inné de l'orientation, car il part seul avant ses parents géniteurs qu'il n'a d'ailleurs pas connus. Les jeunes hirondelles en revanche, partant avec leurs parents groupés pour le voyage, peuvent bénéficier de l'expérience des anciens et mémoriser à leur tour les repères du parcours. Cependant, leur aptitude à l'orientation astronomique et magnétique est déjà génétiquement programmé.


Créé le 09/02/2005 par Gilbert Blaising © 1996-2024 Oiseaux.net