Vol de grues cendrées © Didier Collin
Les conditions météorologiques ont une influence déterminante sur le déroulement de la migration des oiseaux. Plus le séjour hivernal est lointain, plus les migrateurs sont exposés à une diversité d'aléas.
Les vents contraires, les tempêtes, les nuages épais, les chutes de températures, l'absence de courants d'air ascendants ( les thermiques ) etc. sont de nature à modifier, voir compromettre, le comportement migratoire normal.
Oie des neiges © Rachel Bilodeau
Un ciel clair et un vent arrière soutenu constituent les conditions optimales. Le premier assure une bonne visibilité des repères topographiques et des astres qui, de jour et de nuit, orientent les oiseaux de même que le magnétisme terrestre. Il est évident que le second est de nature à écourter plus ou moins le voyage en direction des quartiers d'hiver, en particulier lorsqu'il faut traverser la Méditerranée, un espace qui n'offre pas de haltes naturelles aux migrateurs épuisés.
Bien que le déclenchement des grandes migrations soit génétiquement programmé, un fort vent de face est susceptible de le reporter. De même qu'en cours de périple, un vent excessif et ou de travers peut inciter les oiseaux à rester au sol pour quelque temps ou à voler très bas pour donner moins de prise aux courants d'air. Ceci est le cas surtout des petits passereaux.
Les cygnes, les oies, les canards, les cormorans et certaines espèces de limicoles au vol puissant sont bien moins à la merci des mouvements de l'air atmosphérique.
Les véritables tempêtes ont pour effet de perturber, voire de dévier de façon considérable le trajet migratoire normal. C'est ainsi que des oiseaux de mer peuvent être déportés loin à l'intérieur des terres et que des individus ou des groupes appartenant à des espèces nord-américaines sont parfois conduites à s'échouer sur nos terres. L'Ile d'Ouessant est réputée pour l'observation occasionnelle de ces -déplacés de force- qui tendent à attirer une meute d'amateurs de raretés.
Cigogne blanche © Vincent Palomares
A l'opposé les oiseaux qui pratiquent le vol à voile pour leurs voyages, sont tributaires du beau temps qui en réchauffant le sol, favorise la production de thermiques qui leur permettent, ailes déployées, de se faire porter à grande hauteur pour glisser ensuite, d'une ascendance à l'autre, vers leur destination. C'est le cas de nos cigognes, buses, aigles etc.
Jaseur boréal © Jean-Louis Corsin
A coté des migrations saisonnières qui se produisent à des périodes et selon des parcours assez fixes, interviennent des exodes inhabituels provoqués par des chutes de température accidentelles. Un gel et /ou une couverture neigeuse brusques peuvent obliger certaines espèces, à quitter les sites où ils avaient l'habitude de se maintenir pendant la mauvaise saison. Il en est ainsi des canards hivernant sur nos étangs pris soudain par le gel. Ces accidents météorologiques sont également la cause de l'apparition, à l'occasion massive, d'oiseaux nordiques comme les Jaseurs boréaux. Une dizaine d'espèces sont sujets à ces survenues cycliques.
Cependant, l'incidence des facteurs météorologiques sur les migrations, les exodes et les intrusions d'oiseaux reste encore incertaine, impondérable et complexe, comme la météorologie elle-même, dès lors où l'on sort des schémas fort simplifiés et des faits d'observation commune.