Les Mouettes rieuses ne rient pas.

© Gilbert Blaising
© Gilbert Blaising

Elles ne rient pas, elles n'émettent que des cries rauques et sonores au-dessus de nos plans et cours d'eau jusque dans nos agglomérations où elles se sont habituées au voisinage immédiat de l'homme dont les déchets et détritus leur fournissent, en hiver surtout, une part de leur provende. Ces bruyants oiseaux jouent alors un rôle d'éboueurs.


Ceci par adaptation opportuniste, car leur régime alimentaire originel est constitué à 90 % de proies animales : petits poissons, têtards, mollusques à la surface de l'eau, lombrics, chenilles, insectes, voire petits rongeurs à terre.


© Christian Laverdet
© Christian Laverdet
C'est grâce à son opportunisme que cette espèce a connu une expansion significative. Elle n'est nicheuse régulière en Lorraine que depuis la fin des années 1970. Auparavant, les oiseaux que l'on pouvait observer dans notre région n'étaient que des migrateurs de passage et / ou hivernants. Encore aujourd'hui, quittant les marécages nordiques, leur principal habitat de nidification, ces derniers forment le gros de la population qui séjourne chez nous. A partir de fin juillet jusqu'en février-mars, des centaines de Mouettes rieuses hivernent en Lorraine comme dans bien des régions de France : Camargue, Dombes, Sologne, Brenne etc.


© Didier Collin
© Didier Collin
Nous voyons ainsi le plus souvent et en nombre ces oiseaux dans leur plumage inter-nuptial, c'est à dire sans le capuchon brun chocolat qu'ils revêtent pour les noces. Ne reste plus qu'une tâche noirâtre sur les joues. Toute l'année les adultes ont le dos et les ailes gris pâle, le bec et les pattes rouges, le reste blanc. Un cercle blanc entoure ( incomplètement ) l'oeil. Dans notre région, ces oiseaux ne prêtent à aucune confusion. D'autres espèces de mouettes, de livrées proches, y sont rarissimes et à plus forte raison les Goélands qui font partie du même genre Larus, mais qui sont de plus grands oiseaux vraiment côtiers et égarés chez nous à titre exceptionnel seulement.


© Christian Laverdet
© Christian Laverdet
Bien que souvent visibles en bande dans les labours où elles récoltent les vers, les Mouettes rieuses sont des oiseaux d'eau. A l'intérieur des terres, ce sont les milieux palustres et dans nos régions les milieux lacustres qu'elles affectionnent. Elles s'y nourrissent en grande partie, s'y reposent et s'y reproduisent.


© Jean Charennat
© Jean Charennat
Tantôt le nid est construit sur un îlot de sable ou de gravier, tantôt sur une touffe de laîches, de roseaux ou de joncs, tantôt la construction est flottante comme un radeau amarré. Les abords doivent être dégagés assurant ainsi à ces oiseaux une « distance de fuite » suffisante à la vue d'un prédateur : rapace, renard etc.


Ce sont des oiseaux sociables qui vivent en colonies en toute circonstance. C'est un gage de sécurité. De nombreux yeux voient mieux qu'une paire et le Faucon pèlerin ou l'Autour des palombes, par exemple, hésiteront à fondre dans ou sur un groupe. Il a d'ailleurs été observé maintes fois que les Canards et Grèbes nichaient volontiers au voisinage des Mouettes profitant ainsi de cette défense collective.


© Jean Michel Peers
© Jean Michel Peers
Il n'en est pas autrement sur les plans et cours d'eau de nos agglomérations. où ces oiseaux sont toujours ensembles, qu'ils nagent, se reposent alignés sur les balustrades, quais et pontons ou qu'ils volent légers et élégants à l'affût de leur pitance. Au cours de cette quête, ils savent saisir avec une adresse acrobatique les morceaux de pain jetés par les passants.


Au demeurant leurs escouades constituent un agrément vivant dans nos paysages urbains précisément en hiver lorsque la végétation dépouillée accentue l'aspect minéral de la ville.

Créé le 05/10/2005 par Gilbert Blaising © 1996-2024 Oiseaux.net