© Yvon Toupin
Tous les ans, des balbuzards pêcheurs peuvent être observés dans notre région au cours de leur migration à destination ou en pro
venance de l'Afrique où ils passent l'automne et l'hiver.
© Jules Fouarges
Au mois d'avril, à leur retour, ces grands rapaces piscivores font halte en petit nombre et isolés sur nos étangs pour reconstituer leurs réserves énergétiques avant de poursuivre leur voyage vers la Scandinavie, la Russie et l'Ecosse où ils se reproduisent.
Le spectacle de leur pêche est fascinant. Evoluant haut au-dessus de l'étang, l'oiseau se met en vol stationnaire lorsqu'il a repéré un poisson, puis tête en avant et ailes repliées, il pique tel un projectile vers sa proie qu'il saisit dans l'eau en s'immergeant pour partie. Alourdi par sa prise, c'est avec grande peine qu'il se dégage des flots effervescents ainsi provoqués. Ses 1,5 à 1,7 m d'envergure corse la scène.
Après s'être perché sur une grosse branche d'arbre pour dilacérer et manger sa proie, il a pour habitude de se nettoyer les serres. A cet effet, il vole au ras de l'eau, les pattes maintenues dans l'onde. Tous ces comportements le singularisent, outre son aspect spécifique, à savoir le bandeau noir qui traverse de l'œil au coup sa tête blanchâtre et légèrement huppée ainsi que le blanc pur du ventre et d'une partie du dessous des ailes qui contraste avec le dessus brun chocolat. A bien regarder, il ne peut donc être confondu avec aucun autre oiseau, rapace en particulier.
Même seulement de passage, les balbuzards restent assez rares. Autrefois, ils nichaient en petit nombre en France, en particulier en Lorraine. Toutefois, considérés comme nuisibles, ils ont été systématiquement éradiqués par les pisciculteurs, pêcheurs et chasseurs. De la sorte, au début du siècle dernier, il ne restait plus en France qu'une population nicheuse résiduelle en Corse et ce, grâce au caractère en partie encore sauvage de l'Ile.
C'est à partir de 1972 où cet oiseau exceptionnel a été classé légalement sur la liste des espèces à protéger, qu'une amélioration s'est manifestée. La population corse à vu ses effectifs augmenter, mais qui plus est, des petits noyaux de couples reproducteurs se sont implantés dans la Forêt d'Orléans et dans le Parc de Chambord.
Vu la présence historique de ce rapace en Lorraine et l'existence de conditions comparables à celles de son retour au Centre la France, la volonté de favoriser sa ré-implantation dans notre région a germé dans les esprits avertis.
C'est ainsi que les responsables du Conseil Général ayant constaté le rôle déterminant de la pose d'aires artificielles, ont décidé d'en installer sur les étangs du Domaine de Lindre, propriété du département. Après plusieurs années de vaine attente, un couple de balbuzards a construit en 2007 un nid sur une des plate-formes, mais sans réussite de reproduction, comme une nouvelle fois en 2008. Ce n'est que l'année dernière que l'heureux événement d'une naissance s'est enfin produit, à la joie de tous les naturalistes lorrains. Sous l'égide et les concours du Conseil Général en partenariat avec l'Office National des Forêts d'autres plates -formes à aires vont êtres installés dans l'espoir qu'un noyau de reproducteurs s'établisse durablement et qu'ainsi une espèce prestigieuse de notre passé soit rétablie dans notre région.