Peu vue, guère connue

@ Gilbert Blaising
@ Gilbert Blaising

La Tourterelle des bois, de présence ancienne en Lorraine, est bien plus rare que la Tourterelle turque arrivée pourtant dans la région que depuis une cinquantaine d'années. Elle est donc peu connu, ce d'autant plus que très farouche, elle évite les habitations humaines, alors que sa cousine ne fréquente que leur voisinage dans les villages et les villes.
La Tourterelle des bois n'est pas vraiment un oiseaux forestier, comme son nom le suggère. Elle affectionne les milieux fragmentés comportant des boqueteaux, des grosses haies, des lisières de bois à proximité des cultures de céréales, de colza et de tournesol dont les semences et les graines, outre celles des plantes sauvages et quelques pousses vertes, constituent l'essentiel de son alimentation. Lorsqu'elle glane dans les champs et sur les chemins vicinaux ou bien lorsqu'il lui arrive de se percher sur un fil électrique, elle n'attire d'habitude pas le regard, sa silhouette rappelant trop celle de la Tourterelle turque, à laquelle on ne prête plus guère attention tant elle est commune.

@ Didier Collin
@ Didier Collin

Pourtant le manteau écaillé de bordures fauves et tacheté de noir ainsi que l'écusson blanc rayée de noir sur le cou de la Tourterelle des bois, sont des critères ne prêtant à aucune confusion. Il est vrai qu'à l'occasion, on l'entend plus qu'on ne la voit. En général, on repère sa présence par son roucoulement doux, monotone, roulé et répété plusieurs fois : crrouou, crrouou, crrouou….
A la différence de sa cousine sédentaire, la Tourterelle de bois est une grande migratrice. Elle hiverne en Afrique subsaharienne et ne revient que dans la deuxième décade d'avril pour ne rester que quatre mois dans notre région en vue de sa reproduction. Elle niche alors dans des arbustes de préférence épineux, tels que l'aubépine ou le prunellier envahies par des sous -arbrisseaux comme la ronce et le lierre. Fin août, début septembre, elle repart déjà dans ses quartiers d'hiver.

@ Didier Collin
@ Didier Collin

Au départ de ce grand périple, ces oiseaux, autrement solitaires en couples, se regroupent pour mieux affronter les périls du voyage. C'est ainsi que des rassemblements de plusieurs dizaines, voire centaines d'individus peuvent être observés sur leur - routes - de transit où ils reconstitue leurs réserves énergétiques dans les éteules. Nidifiant dans toute l'Europe, sauf en montagne au dessus de 500 m, en Scandinavie, au nord de la Russie, la migration de toute cette population se déroule sur trois axes principaux : le premier par la péninsule Ibérique, le Maroc et la Mauritanie, le second par l'Italie et la Tunisie, le dernier par la Grèce, le Levant et l' Egypte. Suite aux traditions néfastes en vigueur dans les pays du sud de l'Europe, certaines régions de France comprises, les tourterelles sont alors victimes en masse d'une chasse effrénée. ( A la fin des années 1990 les prélèvement par an étaient estimés à 200 000- 300 000 )
Ces tueries qui s'effectuent également sur leurs lieux d'hivernage expliquent en partie le déclin constaté de cette espèce en maint pays et régions, dont la Lorraine. Mais il faut incriminer aussi à cet égard, la destruction ou l'élagage brutal et intempestif des haies, l'éradication systématique des herbes dites mauvaises, l'emploi généralisé des pesticides. Les sécheresses qui frappent l'Afrique sahélienne participent d'autre part certaines fluctuations accidentelles et périodiques du nombre de ces oiseaux.

Créé le 10/05/2009 par Gilbert Blaising © 1996-2024 Oiseaux.net