Phragmite des joncs © Didier Collin
C'est au moi d'avril que la plupart des oiseaux migrateurs au long cours nous reviennent d'Afrique : pouillots fitis et siffleurs, coucous gris, rossignol, rouges-queues à front blanc, torcols fourmiliers, fauvettes des jardins, grisette et babillarde, rousserolles effarvattes et turdoîdes, bergeronnettes printanières, tariers des près etc. Plus rares sont les espèces déjà arrivées en mars : milans noirs, hirondelles des cheminées, rouges-queues noirs, phragmites des joncs.
Bien que tous ces hôtes saisonniers restent plusieurs mois parmi nous, ce sont les toutes premières semaines de leur arrivée qui sont les plus propices à leur observation.
En vue de leur reproduction, ils commencent à se cantonner sur un territoire plus ou moins vaste selon les espèces. Une fois choisi, il est revendiqué jalousement par rapport aux congénères, voire envers d'autres espèces ayant le même régime alimentaire et évoluant dans le même milieu (niche écologique)
Pouillot fitis © Didier Collin
Pouillot véloce © Jean-Louis Corsin
Cette appropriation se manifeste en premier lieu par le chant du mâle qui suffit en général à dissuader les concurrents. Ces chants insistants, audibles surtout le matin et le soir, sont le meilleur moyen de repérer la présence des oiseaux et de les d'identifier. C'est le cas surtout d'espèces possédant un plumage et une silhouette très similaires, comme le Pouillot véloce et le Pouillot fitis.
De plus, bien des oiseaux ne se tiennent et ne se déplacent qu'à l'abri des fourrées. Par exception, ils se perchent au sommet d'un buisson, d'un arbre, d'un pieu, soit à l'extrémité d'une branche, pour émettre leur chant. Il en est ainsi, entre autres, de la Fauvette grisette et de la Fauvette babillarde. C'est l'occasion privilégiée pour les photographes de réussir des clichés de certaines espèces autrement cachés et très mobiles.
Rougequeue noir © Jean-Louis Corsin
Les cris d'alerte affolés et retentissant émis par les parents lorsqu'un intrus, humain ou animal, passe inconsciemment ou volontairement à proximité du nid, constituent un autre indice de la présence des oiseaux. Sauf à les apercevoir ensuite, leur identification par cette seule alarme, également spécifique à chaque espèce, n'est accessible qu'aux connaisseurs très compétents en raison des différences très subtiles pour nos oreilles de ces émissions sonores, mais rudimentaires par rapport aux chants proprement dits.
Enfin, les allées et venues incessants d'un oiseau, concentrées sur un même endroit, sont susceptibles de révéler l'existence d'un nid et le nourrissage d'une progéniture. C'est une occasion, à force de possibles observations répétées, de dissiper les doutes touchant l'identification d'une espèce. Pour ne pas courir le risque de faire échouer la couvée ou le nourrissage des jeunes, il est bien sûr indispensable de rester à distance du nid supposé ou repéré. Hélas, cette précaution élémentaire n'est pas toujours respectée y compris par des photographes animaliers avides de réussir le cliché rare!
Le printemps est donc bien la période idéale pour faire la connaissance des oiseaux migrateurs qui nidifient dans notre région et qui de ce fait font partie de notre ancestral et authentique patrimoine naturel.