Un rapace très spécialisé

La Bondrée apivore bien qu'elle soit assez commune en Lorraine est peu connue. Elle est souvent confondue avec la Buse variable. Il faut un regard averti pour distinguer ces deux oiseaux de proie très semblables surtout vu à distance et/ou en vol.
Observés d'assez près grâce à des jumelles ou mieux une longue-vue on peut noter les caractéristiques qui différencient ces deux espèces. Lorsque la bondrée est à terre, ce qui est fréquent, on remarque d'emblée sa petite tête au même aspect que celle d'un pigeon et son spectaculaire iris jaune or. Les flancs et le ventre sont rayés ou tachetés de brun sur blanc Vue en vol, on peut aussi noter sa queue plus longue rayée de trois barres noires. De même au cours de ses évolutions planées la bondrée ne relève pas ses ailes plus hautes que le dos comme souvent la buse, au contraire.
Son régime alimentaire est constitué à 80 % d'hyménoptères: guêpes, bourdons et abeilles sauvages sous toutes les formes : aussi bien les rayons de nids que les larves, les nymphes et les adultes. Il a été constaté qu'au cours de la saison de nidification les adultes détruisent entre 100 à 140 nids de guêpes pour nourrir leurs petits. Ce menu est complété par d'autres insectes : hannetons, sauterelles ainsi que des lombrics, mais aussi des grenouilles et des lézards.
C'est dire que ces oiseaux évoluent beaucoup au sol parcourant de grandes distances. Lorsqu'ils ont repéré une colonie de guêpes ou de bourdons, ils se mettent à creuser et à fouiner alternativement d'une patte et de l'autre, voire du bec. Les insectes adultes sont happés entre la tête et l'abdomen en évitant d'absorber l'aiguillon. A l'occasion de leurs fouilles, les apivores ont coutume de creuser des trous profonds et larges de 15 à 20 cm.
Au cours de l'évolution, l'anatomie de ces rapaces s'est très adaptée à la capture des insectes piquants et venimeux enfouis dans la terre. Les griffes peu arquées permettent de creuser le sol et n'entravent pas la marche. L'espace compris entre la base du bec et l'Sil est couvert de petites plumes écailleuses imbriquées comme des tuiles.. Le plumage est compact.. Les pattes sont munies d'écailles dures et serrées. En sus de ces protections naturelles contre les piqûres, une certaine immunité est supposée à l'égard des venins de leurs proies favorites.
Eu égard à leur spécialisation alimentaire, ces grands oiseaux ne reviennent que courant mai de leurs quartiers d'hiver dans la zone forestière de l'Afrique tropicale. Ils commencent à y repartir dès le mois d'août
Pendant leur court séjour chez nous, les bondrées plus terrestres que tous les autres oiseaux de proie, explorent les terrains découverts : près, cultures, friches et pâtures. Mais, elles nichent dans les grands arbres tantôt près de la lisière d'une forêt, tantôt au flanc d'une pente boisée ou au bord d'un cours d'eau. Leur territoire est vaste par obligation. Les couples sont donc très disséminés.
N'auraient-ils pas en particulier un bec crochu et des serres munis de griffes, on pourrait douter que ces oiseaux d'environ 120 cm d'envergure, mais qui se contentent d'aussi petites proies, soient vraiment des rapaces.

Créé le 09/06/2013 par Gilbert Blaising © 1996-2024 Oiseaux.net