Sans être très connaisseur, quiconque a déjà pu observer que divers oiseaux ont une préférence pour certaines nourritures que d'autres ne consomment pas. Personne n'a jamais vu une mésange manger du poisson et un cormoran glaner des graines de céréales.
Il s'agit d'une classification commode, mais simplificatrice. Rares sont les espèces à spécialisation étroite, voire très poussée comme c'est le cas de la Bondrée apivore ou de plusieurs oiseaux de mer tel le Fou de Bassan. La bondrée s'alimente à 80 % de guêpes, de bourdons et d'abeilles sauvages à tous les stades, de la larve aux adultes.
La plupart des espèces, même sans être vraiment omnivores comme l'Etourneau sansonnet, ont un régime bien plus éclectique que leur réputation commune. Le Héron cendré, dont la prédilection va aux poissons, consomme aussi des reptiles, des batraciens, des petits rongeurs, des vers et moult insectes ; c'est pour cette raison qu'on le voit souvent dans les champs bien loin de l'eau. La Mésange charbonnière, insectivore pour l'essentiel, se nourrit également de graines, bourgeons, semences, baies et fruits.
Les granivores comme le Verdier d'Europe, recherchent des insectes et larves pendant la nidification pour apporter un supplément de protéines destinées à accélérer la croissance des leurs oisillons. De façon générale, la plupart des espèces modifient la composition de leur alimentation au cours des saisons et des lieux qu'elles sont conduites à fréquenter.
Les Grues cendrées se nourrissent surtout de rhizomes, pousses de roseaux et de baies sur leurs lieux de nidification dans les marais et tourbières du Nord de l'Europe. Au cours de leur migration en automne, elles se rabattent sur les graines de céréales dans les éteules, sur les graminées et légumineuses. Pendant leur hivernage en Espagne, leur base alimentaire est représentée par les glands de chêne et les olives à terre. A la campagne, les Faucons crécerelles chassent les campagnols, en ville ce sont surtout les moineaux qui constituent leur proies.
L'origine de nos oiseaux actuels remonte à plusieurs dizaines de millions d'années (notre genre homo ne date " que " de 1,5 millions d'années) Leur anatomie a donc réussi à s'adapter progressivement à leurs besoins spécifiques - la fonction a créé l'organe - Tout le monde peut noter la différence du bec entre les insectivores, en l'occurrence fin et pointu, et celui des granivores conique, court et fort. Le bec des pics est devenu tel un ciseau de sculpteur leur permettant de creuser le bois des arbres morts à la recherche d'insectes et de larves. Celui très fin et courbé des grimpereaux est propice à l'exploration des fissures les plus étroites de l'écorce des troncs et branches d'arbres. Le bec en forme d'épée des hérons les prédispose à harponner les poissons en ne mouillant que leurs longues pattes.
Les omnivores ont de toute évidence un avantage considérable. Si de plus, ils sont grégaires comme les Corbeaux freux et les Etourneaux sansonnets, leur prospérité est mieux assurée, l'union faisant la force. C'est pourquoi, beaucoup d'espèces farouchement individualistes pendant la période nuptiale, se regroupent en bande pendant la mauvaise saison, comme les pinsons et les chardonnerets
La grégarité est aussi une des caractéristiques des hommes, sauf qu'ils s'entretuent en masse, ce qui n'est pas le cas des animaux dits sauvages.