Le retour des coucous anglais

Rappelons qu'au printemps 2011 des ornithologues britanniques ont équipé 5 Coucous gris de balises Argos pour suivre exactement leur migration. A cet effet chaque oiseau a été prénommé. Les découvertes ainsi faites touchant leurs déplacements pour rejoindre les quartiers d'hiver dans la forêt équatoriale du Congo, ont été résumées dans un article intitulé Coucous en filature.


A leur retour, quatre des coucous ont traversé le Sahara. Ils ont accompli le voyage à partir de haltes, insoupçonnées des scientifiques, au Ghana et en Côte d'Ivoire avant d'atteindre l'Algérie.


Dans le passé, on supposait que ces oiseaux franchissait le désert en un vol sans stationnements pour les mener du Congo en Europe du Sud. De plus, il a été constaté que les trajectoires suivies par les coucous pour revenir sur leur lieux de reproduction en Grande Bretagne ne correspondaient plus à aucune de celles observées lors de leur migration vers le Sud.


Certes, Chris est repassé par la plaine du Pô où il avait observé une longue halte lors de sa migration en direction de l'Afrique. Martin avait également séjourné dans cette région avant de survoler la Méditerranée pour rejoindre à travers le Sahara la forêt équatoriale du Congo. A son retour, il a subi dans le Sud de l'Espagne des conditions météorologiques désastreuses qui ont causé sa perte. Lyster qui avait traversé l'Espagne à l'aller, a complètement contourné l'Europe du Sud au retour pour survoler directement la Méditerranée et la France, sans escales notables.


Cependant, de Clement les ornithologues étaient sans nouvelles depuis le 22.02 lorsqu'il évoluait vers le Cameroun. Les derniers signaux de température transmis par satellite suggéraient qu'il n'était plus en vie. Le faible et ultime signal de Kasper émis dans le Sud Algérien date du 11.04 S'agissait-il d'un décès accidentel ou seulement d'une panne de balise. Les scientifiques du projet n'ont pas réussi à le savoir. .


Les deux seuls coucous dont le retour a pu être noté ont mis un peu moins de deux mois pour effectuer le trajet entre leur quartier d'hiver et l'Angleterre. La plus grande partie de cette durée a été absorbée par des pauses en Afrique de l'Ouest, Afrique du Nord et Europe du Sud. Entre ces escales, le survol du Sahara s'est effectué de façon rapide et directe.. Les informations sur la durée et les périodes variables du retour des ces oiseaux sont importantes pour connaître les facteurs locaux qui déterminent le choix de leur date d'arrivée sur les lieues de reproduction .


Ce printemps, 9 autres coucous ont été munis de balises au Pays de Galle et en Ecosse.
A l'heure actuelle, ces oiseaux sont encore en cours de migration vers leurs sites d'hivernage au Congo.. Mais déjà la grande divergence de leurs itinéraires se vérifie. Lorsque leur migration aller retour sera bouclée au printemps prochain, on en saura plus, en particuliers sur les causes de mortalité. Le nombre des individus suivis étant plus grand, il sera d'avantage permis d'extrapoler les observations effectuées.


Dors et déjà, un savoir antérieur assez vague est désormais bien éclairci : La route de migration empruntée par les coucous n'obéit pas à un déterminisme collectif et répétitif, voire rigide comme chez beaucoup d'autre espèces, comme les Grues cendrées. Chaque individu exerce sa propre appréciation touchant la trajectoire du parcours, les lieux et la durée des haltes. Ce fait confirme, entre autres, que les coucous - comme plus ou moins toutes les espèces d'oiseaux - manifestent des formes certaines, voire aiguës, d'intelligence longtemps ignorées, minimisées, voire discréditées. Le quolibet -cervelle d'oiseaux- attribué encore par les humains à certains de leurs congénères réputés inintelligents, constitue donc bien un total contresens.

Créé le 14/10/2012 par Gilbert Blaising © 1996-2024 Oiseaux.net