Le robuste Pigeon ramier

© Jean-Louis Corsin
© Jean-Louis Corsin

A présent très commun en Lorraine et devenu moins farouche, ce pigeon, appelé aussi palombe, est facilement visible.


Il ne peut pas être confondu avec l'envahissant Pigeon biset urbain. Il est nettement plus grand que ce dernier. Le Pigeon ramier atteint un poids de 500 gr, soit le double du pigeon des villes dont l'envergure est d'un quart moindre. A la vue, on identifie sans peine cet oiseau corpulent à sa tâche blanche sur le coté du cou et , en vol, à la barre blanche qui traverse le dessus de l'aile. Au surplus, son ramage -couroûhcou-cou-couh- n'est à nul autre espèce de pigeon et de tourterelle pareille.


Bien que la palombe soit maintenant bien présente dans les agglomérations, elle ne trottine pas dans les rues et sur les places publiques au milieu des gens. Tout en restant très vigilante au moindre mouvement ou bruit suspect, elle vient beaucoup à terre, mais dans les champs, prairies, pelouses, jardins, chemins et boisements pour glaner les graines sauvages et cultivées, faines et glands, légumes des cultures maraîchères, feuilles de colza et de trèfle. Elle cueille aussi dans les arbres et arbustes les jeunes pousses et feuilles ainsi que les fruits et baies. Pour se reposer, entretenir le plumage et nicher, les arbres constituent son milieu, même en ville. Les pigeons ramiers ne sont donc pas coupables des mêmes dégâts infligés par les pigeons bisets avec leurs fientes aux bâtiments colonisés en nombre.


Les ramiers se reproduisent dans toute l'Europe. Ils se divisent en deux sous-populations : les sédentaires de l'Europe occidentale et les migrateurs du Nord et de l'Est du continent qui viennent hiverner en Belgique, en France mais surtout en Espagne et au Portugal. C'est lors de leur passage automnal en Aquitaine que ces pèlerins septentrionaux deviennent massivement la proie par tir ou piégeage aux filets d'une chasse dite -traditionnelle- (5,3 millions, chiffre cité pour l'année 2000 et l'ensemble de la France par l'ONCFS).


Paradoxe ! En dépit de ces prélèvements démesurés et anarchiques ainsi que de la prédation naturelle mais significative sur les nichées par les corvidés, l'espèce se porte bien. L'énorme extension des cultures de céréales au détriment des pâturages au cours de ces dernières décennies a très fortement augmenté les bases alimentaires de cet oiseau granivore très opportuniste. A l'opposé des innombrables atteintes à la biodiversité, c'est l'exemple heureux, hélas trop rare, d'un succès de vie sauvage imputable aux activités humaines.


Les espaces arborés des agglomérations sont devenus pour les ramiers (et bien d'autres espèces d'oiseaux) un havre de paix. Ils n'y sont pas chassés et y trouvent un supplément de pitance grâce aux reliefs de nourriture abandonnés par les hommes. Aussi les mâles peuvent-ils se livrer en toute tranquillité dans ces lieux, à leurs spectaculaires parades nuptiales. C'est une succession de grandes ondulations où le ramier après s'être élevé d'une vingtaine de m par des battements d'ailes vigoureux et claquants, se laisse glisser en -parapente- ailes étalées et queue déployée. Il entend sans doute ainsi démontrer sa vigueur à la femelle convoitée.

Créé le 05/10/2008 par Gilbert Blaising © 1996-2024 Oiseaux.net