Sarcelles de bonne réputation

Les Sarcelles d'été sont bien moins fréquentes en Lorraine que leur cousines les Sarcelles d'hiver, quelquefois abondantes pendant la mauvaise saison. C'est au cours de leur passage migratoire en mars- avril et août-septembre que l'on a le plus de chances d'apercevoir celles appelées d'été.

Leur principale aire de reproduction va de la Scandinavie et du Nord-Est de l'Europe jusqu'en Sibérie. Il existe des petites populations dispersées dans d'autres pays d'Europe. En France, leur effectif est estimé entre 250 à 350 couples repartis dans les marais de l'Ouest entre la Loire et la Gironde. En Lorraine, les couples nicheurs sont très rares et de présence aléatoire. Leur apparition sporadique dans notre région à l'occasion de leurs pérégrinations saisonnières entre l'Eurasie et l'Afrique subsaharienne, est donc d'autant plus remarquable.

Au cours des périodes propices, c'est en général aux bords de nos étangs qu'elles sont susceptibles d'être aperçues, mais, jamais loin de la végétation palustre qui leur sert de refuge à la moindre alerte.

Ce petit canard de la taille d'un pigeon est facile à identifier. Le grand sourcil blanc et arqué des mâles est typique. Aucun autre anatidé n'en est paré ainsi. A sa place, la Sarcelle d'hiver possède une tâche d'un vert métallique entourant l'Sil. Il n'y a donc aucune confusion possible.

Les Sarcelles d'été font partie des canards dits de surface, comme le Canard colvert. Ces oiseaux ne plongent pas tels les Fuligules milouins et morillons pour appréhender leur nourriture. En enfonçant la tête sous la surface, elles barbotent dans l'eau de préférence peu profonde. Toutefois, ces sarcelles sont capables aussi de capturer des insectes en survolant un plan d'eau ; leur vol est en effet rapide et d'une très grande mobilité.

Leur régime alimentaire est assez éclectique. Il comporte des végétaux et des animaux dont les parts respectives varient selon les saisons : bourgeons, feuilles, racines, graines, nénuphars, joncs etc. alternent avec des insectes, des mollusques, des crustacés et des vers.

Au printemps, lorsqu'il est donné de découvrir ces petits canards sur un de nos plans d'eau, il est possible de voir à la fois le mâle et la femelle. Au cours de leurs haltes, les Sarcelles d'été sont ou bien déjà accouplées, ou bien s'adonnent encore aux jeux nuptiaux. Les mâles paradent autour des canes avec des mouvements de tête et en trempant de façon répétée le bec dans l'eau.

On peut dans ces conditions se rendre bien compte de l'apparence très différente des femelles. Comme chez toutes les espèces de canards, leur robe est bien plus discrète. Elles sont ainsi moins exposées aux prédateurs au cours de la nidification dont elles assument l'essentiel, à savoir la couvaison et le nourrissage de la nichée. Les mâles, après un temps de faction, se désintéressent et reprennent leur indépendance. Que de similitudes !

Depuis la décennie 1960, l'espèce a subi un déclin général et très marqué en Europe du Centre et de l'Ouest où son statut est jugé préoccupant à présent. Parmi les causes multiples, il y a lieu de relever la réduction considérable des zones humides et leur pollution, les dérangements en période de nidification imputables à la pression humaine, ainsi que la chasse. En France, ces oiseaux figurent toujours sur la liste des espèces chassables !

Créé le 10/03/2015 par Gilbert Blaising © 1996-2024 Oiseaux.net