© Jules FouargeA partir de l'automne lorsque les feuilles sont tombées, il est plus aisé d'observer la Sittelle torchepot. Pendant la belle saison où les citadins fréquentent plus volontiers les bois, cet oiseau dissimulé par le feuillage des grands arbres où il évolue, passe généralement inaperçu, en dépit de son chant typique et sonore , tuituittuittuit ... tuffit ...
Lors des rigueurs hivernales, la Sittelle torchepot, contrainte par la faim, fréquente épisodiquement les mangeoires où elle saisit furtivement les graines de tournesol et diverses pitances au grand dam des autres espèces qu'elle effarouche par son intrusion énergique, bien qu'elle ne soit pas plus grande que la Mésange charbonnière.
C'est un moment privilégié pour faire mieux connaissance avec cet oiseau à la silhouette typique : queue courte, corps trapu en forme de fuseau se prolongeant sans cou par une grosse tête munie d'un bec puissant et pointu. Le dos est gris-bleu, la gorge blanche, la poitrine et le ventre roussâtres ; un sourcil noir barre l'oeil.
@ Jean CharennatPlus que son aspect, c'est son comportement qui mérite l'attention. Cet oiseau est un remuant et infatigable grimpeur des arbres. Mais à la différence de tous les autres pics et grimpereaux, elle est la seule capable de descendre d'un tronc ou d'une branche, la tête en bas. Elle doit cette faculté à ses pattes courtes dont les doigts robustes sont armés de griffes puissantes.
C'est dans les fissures des écorces, les anfractuosités et trous des arbres qu'elle trouve l'essentiel de son alimentation : insectes, chenilles, oeufs et larves, araignées et petits mollusques, en soulevant l'écorce et la mousse sans creuser le bois. Mais elle ne dédaigne pas la nourriture végétale qui devient même sa principale ressource pendant la mauvaise saison : graines de conifères, d'érables, de charmes, de tilleuls ; faines, glands, noisettes, baies voire semences.
© Philippe PulceC'est un oiseau dit cavernicole en ce sens qu'il niche dans un trou d'arbre, plus rarement dans une cavité de mur ou de rocher. Il occupe souvent un nid vacant de pic. Il ne creuse que très rarement sa propre cavité. C'est en squattant les logis abandonnés d'oiseaux plus grands que la Sittelle torchepot fait preuve d'une autre originalité. En effet le trou de vol étant trop grand pour ses besoins, elle s'emploie à le rétrécir afin qu'il n'atteigne que 29-3l mm, ce qui en interdit l'entrée à d'autres candidats, comme l'étourneau par exemple.
C'est le travail de la femelle. Au moyen de boulettes de terre ou d'argile imprégnées de salive, elle maçonne soigneusement un chambranle aux dimensions voulues. C'est cette aptitude qui lui a valu le qualificatif de torchepot (torchis).
L'entreprise de construction, de restauration et de déblaiement commence en mars après un mois de février plein d'excitations, de fureurs voire de combats féroces où les mâles revendiquent et tentent d'agrandir un territoire bien à eux. Ce domaine n'atteint souvent que quelques hectares dans une forêt ou un parc de vieux feuillus. Le couple uni pour la vie,courte comme chez tous les passereaux, reste en général fidèle à son territoire (et son nid) hormis les expéditions alimentaires vers les mangeoires en hiver.
En avril et mai a lieu la ponte généralement de 6 à 8 neufs. Seule la femelle couve, le mâle se charge de lui apporter la nourriture. L'incubation dure une quinzaine de jours, durée courante chez les passereaux. Au contraire le temps de nourrissage au nid qui dépasse les trois semaines est exceptionnellement long chez cette espèce.
@ Jean Charennat