Tenues et cérémonies de noces

Tout un chacun peut constater les changements d'aspect et de comportement de nos oiseaux familiers à la fin de l'hiver et au printemps. Aux promeneurs attentifs et curieux de la nature, il est même donné d'observer à cette période des scènes inhabituelles et spectaculaires.

Il est flagrant que les mâles en général sont alors parés d'un plumage aux couleurs plus intenses, voire complétées ou modidées. Ceux de nos oiseaux familiers: rougegorges, pinsons, verdiers, mésanges, étourneaux etc. nous apparaissent avec une livrée davantage accentuée et impeccable, voire changée comme celle du Canard colvert.


Chez ce dernier, c'est à la suite d'une mue qui a lieu déjà en automne. Au contraire, la plupart des passereaux voient leurs extrémités de plumage devenues ternes s'abraser progressivement vers la fin de l'hiver pour laisser de nouveau apparaître les couleurs plus vives du dessous.


C'est alors que les mâles manifestent aussi leur séduction par des chants, comme on ne peut les entendre qu'au cours de cette période printanière. Dans la plupart des cas, la richesse et la sonorité de ces émissions sonores sont en relation inverse avec l'éclat du plumage. Le Troglodyte mignon, les rousserolles, les pouillots et les fauvettes aux livrées neutres, possèdent des voix retentissantes et riches de sonorités. Au contraire, les chatoyants Bouvreuils pivoines et les Martins pêcheurs n'émettent que de simples sifflements. Cependant, les Linottes mélodieuses, les Chardonnerets élégants, entre autres, font exception en cumulant atours " vestimentaires " et atout vocal.


Ces apparences et manifestations sont suivies et accompagnées d'un cérémonial varié de séduction et d'union. Pour captiver l'attention, bien des espèces d'oiseaux masculins vont jusqu' à amplifier leur stature en hérissant leur plumes de tout leur corps ou seulement de la tête ou du cou. Dresser la queue en éventail est en la circonstance une fréquente expression corporelle.


Les Cygnes tuberculés très communs sur tous nos plans et cours d'eau en font une démonstration spectaculaire. On peut les observer qui gonflent leurs ailes au-dessus du dos, incurvent leur cou flexible et inclinent leur tête avec grâce. A la fin de l'hiver, la tête anguleuse du Grèbe huppé prend une forme de fleur bizarre ; la huppe habituelle s'est prolongée de deux " cornes " et une collerette de plumes rousses et noires encadre les joues blanches.


Le paradoxe est que ces postures ostentatoires relèvent à la fois d'un étalage de charme envers les convoitées et d'une intimidation à l'égard d'éventuels rivaux. Attrait pour les unes, menace pour les uns ; les uns et les autres percevant de façon distincte le même message !


Ces métamorphoses corporelles vont souvent de pair soit avec des exhibitions chorégraphiques terrestres ou nautiques, soit avec des voltiges aériennes. Il est fascinant d'observer le ballet harmonieux exécuté par un couple de Grèbes huppés et les gracieuses danses prénuptiales des Grues cendrées. Les oiseaux de proies ne sont pas en reste de parade. Au cours de leurs figures dites de " retournement ", l'un des deux rapaces vole sur le dos, les pattes tendues vers le haut en invitant l'autre à joindre les serres.


Au surplus, ces parades diverses donnent lieu de la part du mâle à des offrandes, le plus souvent de nourriture. A cette occasion, les femelles de passereaux, comme celles des Mésanges bleues, prennent une attitude de quête, tel un oisillon affamé : fléchies sur leurs pattes, ailes frémissantes, elles tiennent le bec largement ouvert.


En comparaison des oiseaux, pleins de manières, mais dits sauvages, les hommes ne seraient-ils pas devenus bien plus frustes ?

Créé le 14/05/2015 par Gilbert Blaising © 1996-2024 Oiseaux.net