Le spectacle est assuré par les Flamants roses. Ils ont en effet une allure et des comportements stupéfiants et uniques dans l'univers des oiseaux. C'est d'ailleurs l'espèce sans doute la plus photographiée et dessinée. Il n'y a guère de zoos ou parcs animaliers qui ne s'enorgueillissent d'en détenir.
A l'état sauvage, ils ne sont présents en Europe que sur le pourtour du Bassin méditerranéen : dans les Balkans, en Espagne, en Sardaigne, en Corse, dans le Languedoc et en Camargue, leur principal bastion en France..
Dans ces régions, le flamants constituent un des grands sujets d'attrait pour les touristes et les vacanciers convoyés par bus entiers sur les bords des étangs et les lagunes des Bouches du Rhône, de l'Hérault et de l'Aude.
Les milieux qu'affectionnent ces grands échassiers insolites sont les eaux peu profondes et saumâtres. Aussi ont-ils volontiers adopté les bassins des salines dans l'embouchure du Rhône et dans la plaine littorale languedocienne. C'est un exemple, comme les étangs de pisciculture en Moselle et dans la Dombes, où des aménagements et ouvrages humains peuvent être propices à une faune sauvage imprévue.
C'est dans les eaux salines que les flamants se nourrissent en draguant et filtrant la vase et la boue en quête de matières organiques constituées par des bactéries, algues, protozoaires et invertébrés. En dépit de leur salinité, ces fonds proches de la surface sont très riches de nutriments très petits, voire microscopiques.
C'est pour cette raison que ces échassiers très grégaires peuvent subsister et se réunir en très grands et si spectaculaires groupes sur les étangs, lagunes et marais salants.
La spécialisation alimentaire des flamants, quasi-exclusive, n'est possible que grâce à l'anatomie unique de leur bec, d'apparence extravagante. La mandibule supérieure busquée et mobile est bordée d'aspérités cornées orientées vers l'arrière. L'autre, plus large, fixe et en forme de gouttière est munie de fanons. Y est logée la langue très charnue et pourvue d'excroissances en forme de crochets. C'est cette structure qui permet de draguer, d'aspirer et de filtrer les fonds de manière tant efficace et fine ce, d'autant plus qu'elle est portée par un mince, très long et très flexueux cou : une parfaite sonde.
La couleur rose dont est parée une partie du plumage des flamants interpelle. Cette coloration est due à l'absorption d'une espèce de crevette minuscule, appelée Artémia salina. Elle-même se nourrit d'une micro-algue se protégeant de la surexposition au soleil par la production de pigments rouges - l'astaxanthine - qui teintent en bout de chaîne alimentaire certaines plumes de ces grands et fascinants oiseaux.
Allongés tout droit, cou tendu, ils ont l'apparence en vol de javelots ailés qui auraient été lancés par des géants dans un film d'animation.