En vérité, les hirondelles n'annoncent pas le printemps. D'autres oiseaux, restés dans la région ou revenus plus tôt s'en chargent, comme le Bruant jaune ou l'Alouette des champs. Mais dans nos agglomérations la reprise, au cours de la deuxième décade du mois d'avril, de leurs ballets aériens et sonores constitue une manifestation éclatante de cette belle saison de même que la floraison des arbres dans nos parcs et jardins .
Par hirondelles, on entend couramment trois espèces d'oiseaux différents : l'Hirondelle rustique (ou de cheminée) l'Hirondelle de fenêtre, toutes deux proches cousines, et le Martinet noir qui leur est assimilé, bien qu'il fasse partie d'une autre famille. Ces trois oiseaux ont en commun d'être des voiliers hors pair, de se nourrir en vol d'insectes, de nicher sur et dans nos bâtiments, donc très près des hommes qu'ils ne craignent pas, et d'être des grands migrateurs ; le Martinet noir tenant à ce titre la palme, puisqu'il hiverne exclusivement au sud de l'Equateur.
L'Hirondelle de cheminée a un manteau noir bleuté aux reflets métalliques, la poitrine blanche, le front et la gorge brun roux ; sa queue fourchue tâchée de blanc possède deux longs brins externes.
L'Hirondelle de fenêtre a un manteau également bleu noir métallique, mais sa gorge, son dessous et son croupion sont blancs, sa queue est simplement échancrée de même que celle du Martinet noir dont les longues ailes étroites en faucille le différencient des hirondelles.
Les martinets sont dotés de pattes très courtes munies de griffes puissantes leur permettant de s'agripper aux parois verticales, mais leur interdisant de se déplacer au sol au contraire des hirondelles. Sauf pour la couvée, ils sont totalement aériens, se nourrissant, s'accouplant et souvent même dormant en vol.
Les Martinets noirs nichent en colonies, réutilisant chaque année le même nid installé dans des anfractuosités de murs, sous le bord des toits de préférence d'un bâtiment élevé. Le nid est une coupe évasée faite de paille, de foin, de graines volantes, de poils, de plumes happés en plein vol et agglomérés à l'aide de salive. L'Hirondelle de fenêtre est également fidèle à son site où elle niche en colonies quelque fois importantes. Elle est partout l'hôte des habitations et bâtisses, même récentes, mais ne s'installe qu'à leur extérieur. Elle est volontiers citadine au contraire de l'Hirondelle rustique, plus rurale. Ses nids maçonnés soigneusement en forme de demi-sphère accolée sous un avant-toit, balcon etc. sont bien connus d'un large public. Il en va différemment des Hirondelles rustiques puisqu'elles s'installent, sauf exception, à l'intérieur d'un local : étable, grange, appentis, débarras etc. où elles peuvent entrer et dont elles peuvent sortir à volonté. Leurs nids en quarts de sphère totalement ouverts à la partie supérieure sont donc moins exposés aux regards des passants. Egalement maçonnés avec de la boue et des brins de paille.. ils paraissent moins "finis "que ceux de leurs proches cousines.
Si les comptages systématiques effectués laissent à penser que les effectifs du Martinet noir n'ont pas évolués notablement ces dernières années, il en est tout autrement, hélas, des hirondelles dont la population est en fort déclin dans toute la France et dans toute l'Europe. Le nombre des hirondelles de fenêtre et rustiques a diminué depuis 1970, de 20 % à 50 % selon les régions en Europe.
Le recul des pâturages, la diminution considérable des petites et moyennes exploitations agricoles, des étables et des écuries, leur disparition en périphérie des agglomérations urbaines, mais surtout l'éradication drastique des insectes par les traitements phytosanitaires systématiques et excessifs, y compris dans bien des jardins privés, sont les principaux facteurs de ce déclin. On peut imaginer les conséquences de l'usage généralisé à grande échelle des insecticides, lorsqu'on sait que pendant la nidification, une hirondelle est obligée de gober par jour son propre poids de moustiques, mouches, éphémères etc. Pis, on observe aussi depuis peu, et c'est nouveau, une augmentation des cas de destruction directe par l'homme de nids isolés ou de colonies pour satisfaire un besoin hypertrophié, voire compulsif, d'ordre et de propreté même à l'extérieur des habitations.