Les piettes apparaissent en petit groupe à partir décembre pour repartir en général dans la seconde partie de février et au début mars. Les femelles à la robe gris ardoisé plus terne et anodine arrivent les premières. Si on a la chance d'observer par la suite un mâle à bonne distance, on remarquera sa petite huppe soulignée d'un trait courbe noir, les deux fines raies noires allant de la poitrine au dos, ainsi qu'un masque noir sur les yeux. Ces oiseaux étant très craintifs, il vaut mieux être munis d'une paires de jumelles pour scruter toute leur insolite séduction.
Les surfaces d'eau douce étant leur milieu, c'est sur les lacs, les étangs et les rivière, même modestes, que l'on peut avoir l'occasion de les voir. Souvent par instants seulement, car ils plongent sans cesse pour capter des petits poissons qui, en hiver, représentent l'essentiel de leur alimentation. Leurs immersions sont de courtes durées ; une vingtaine de secondes. Ceci ne les empêche pas de réapparaître à la surface à des endroits éloignés de leur points de plongée après avoir poursuivi avec rapidité leur proie Il n'est donc pas facile de les fixer du regard en dehors de leurs pauses où, soit ils font leur toilette, soit ils se reposent.
L'évolution les a bien armés pour la pêche. Comme les autres espèces de harles, les piettes sont dotés d'un bec d'une redoutable efficacité. Mince , effilé, il est terminé par un crochet et garni sur le bord des mandibules par une rangée de -dents- pointus. .( Le nom allemand des piettes : Zwergsäger se traduit bien par scieur nain ) Cependant ces oiseaux de par leur rareté
n'ont évidemment pas la nuisance que les pisciculteurs reprochent aux Cormorans munis du même type de bec, mais qui sont au contraire envahissants en nombre souvent considérable.
L'aire de répartition des Harles piettes où ils se reproduisent est située dans la taïga du nord de la Finlande et de la Russie. Ils s'y tiennent sur les eaux calmes des innombrables lacs de ces régions. Que ces surfaces d'eau soient bordés de vieux arbres leur est indispensables. En effet ces oiseaux nageurs et plongeurs nichent dans des cavités d'arbres jusqu'à 10 m, voire plus, au-dessus du sol. Pour nous, qui avons l'habitude de voir nos canards et fuligules construire leurs nids dans les roseaux, la végétation lacustre et à terre, c'est un sujet d'étonnement.
Ce besoin de vieux arbres à trous est une des causes de leur déclin au cours de la deuxième moitié siècle dernier. L'exploitation forestière intensive les a progressivement privé de ces atouts. Il faut hélas y ajouter les pollutions chimiques et minérales des eaux , la chasse au cours de leurs migrations, la prédation des invasifs Visons d'Amérique etc. A présent les effectifs de cette espèce en Europe sont estimé à environ 10 000 individus, mais répartis sur une très vaste étendue On ne peut donc que se réjouir d'avoir la chance de voir un Harle piette au cours de nos promenades ou explorations.