La vagabonde Mésange à longue queue

© Jean-Louis Corsin
© Jean-Louis Corsin

Comme son nom ne l'indique pas, la mésange à longue queue, par son anatomie et son comportement, ne fait pas partie de la famille des mésanges : charbonnières, noires, bleues, nonnettes, huppés. C'est la seule espèce de son genre en Europe.


Petite boule ébouriffée et prolongée d'une longue queue étroite, la mésange à longue queue est facile à identifier quand elle se montre. Mais ce n'est pas fréquent, bien qu'elle soit peu farouche et assez commune. En hiver surtout, elle effectue volontiers des incursions dans nos jardins arborés, mais sans fréquenter les mangeoires. Ses apparitions sont toujours furtives. Prospectant dans des positions acrobatiques les plus fines ramilles des arbres et des buissons, «elle ne tient pas en place».


A la recherche de leur pitance : insectes, leurs oeufs, larves et nymphes, ces oiseaux sont très erratiques. En dehors de la période de nidification, ils forment des clans sociaux, composés surtout de membres d'une même famille. Il est rare de voir un seul individu. Les petites bandes peuvent franchir plusieurs km par jour en maintenant leur cohésion par des trilles aigus «tsirr» émis sans arrêt.


Pendant la mauvaise saison, les groupes rejoignent leurs dortoirs dans un fourré où les oiseaux se pressent les uns contre les autres pour se tenir plus chaud. On a observé qu'ils se recouvraient même en partie de leurs ailes formant une boule compacte piquée des longues queues, comme les aiguilles dans une pelote de laine.


A la différence des vraies mésanges, notre homonyme à longue queue vient que très rarement à terre. De même, ne maintient-il pas ses aliments par les pattes. Enfin au contraire de ses faux cousins, la mésange à longue queue ne niche pas dans une cavité d'arbre, de mur ou autre.


Le couple construit un nid et quel nid ! C'est un ouvrage très élaboré en forme d'oeuf vertical percé d'un trou d'accès latéral. Haut de 18 cm et large de 12 cm en moyenne, il a une taille disproportionnée par rapport à celle de l'oiseau. Les parois externes, épaisses et élastiques, sont constituées par un tissu de mousse, de laine végétale, de lichens tenus par des fibres, crins et fils d'araignées. Elles sont recouvertes par des lichens, des débris d'écorce, d'écailles de bourgeons... qui camouflent au mieux l'installation. L'intérieur est tapissé par des poils et plusieurs centaines de plumes !


Dans nos régions, ce chef-d'oeuvre n'a d'équivalent que chez la rare Rémiz penduline. D'ailleurs le couple met trois à quatre semaines pour achever son nid, alors qu'il ne faut que 4 à 5 jours aux linottes mélodieuses et 5 à 12 jours aux mésanges charbonnières. Aussi, les mésanges à longues queues commencent-elles déjà fin mars, début avril leur difficile entreprise, devançant ainsi la plupart des autres passereaux.


Bien que très mimétique et bien caché dans la végétation, le nid reste exposé à la prédation des pies, geais, chats etc. Les pertes sont nombreuses pendant la nidification, de même qu'en hiver dont les rigueurs risquent de priver cette espèce sédentaire des ressources alimentaires. La fécondité de 7 à 12 oeufs par nichée et une longévité pouvant atteindre 8 ans sont susceptibles de compenser ces menaces pour cette espèce.

Créé le 10/08/2008 par Gilbert Blaising © 1996-2024 Oiseaux.net