Comment décrire un oiseau ?


Remarques préliminaires :
Les oiseaux sont des animaux très mobiles, très visuels et farouches dans leur majorité. Par ailleurs, l'œil humain n'est pas très performant en comparaison de celui de beaucoup d'animaux, des oiseaux en particulier. En conséquence, une observation faite à l'œil nu sera souvent insuffisante pour une bonne description. Des jumelles seront toujours très utiles dans ce cas.


Quand on en a la possibilité, il ne faut pas hésiter à réaliser un document iconographique d’un oiseau non identifié. Même de mauvaise qualité, il peut apporter une information utile à l’identification et venir à l’appui ou au contraire contredire une observation visuelle sommaire. La plupart des téléphones portables modernes peuvent jouer ce rôle.

Toute donnée naturaliste doit comporter au minimum 3 informations :

  • un taxon (en général l'espèce)
  • une date précise
  • un lieu précis

Dans le cas qui nous préoccupe, c'est la première information qui manque et qui fait l'objet de cette note.

Mais il faut absolument penser à donner les deux autres informations à la personne/structure qui sera sollicitée pour l'identification.

Le milieu dans lequel est faite l'observation

Pour une future identification, c'est la première chose à noter car la plupart des oiseaux ont un habitat naturel qui leur est particulier (forêt, prairie, culture, plan d'eau, etc.).

Par exemple, deux oiseaux qu'un vrai néophyte pourrait à la rigueur confondre, le martin-pêcheur et la sittelle torchepot, pourront être départagés par leur habitat.

La taille et la morphologie générale.

C'est la seconde chose à apprécier. Pour cela, tout un chacun dispose d'éléments de référence dans son environnement habituel.

  • Pour la taille, on peut créer mentalement des catégories.

    • Petit oiseau. Le Moineau domestique, très proche de l'homme et bien connu, sera la référence du petit oiseau. Une majorité de passereaux ont cette taille (une 15e de cm de longueur et un poids d'une 20e de g).
    • Très petit oiseau. Un certain nombre d'espèces de passereaux sont nettement plus petites que le moineau, par exemple le Troglodyte mignon, le bien nommé. On dira alors pour un de ces oiseaux " plus petit que le moineau ". Le record est détenu par les roitelets qui ne pèsent que 5 g.
    • Oiseau de taille moyenne inférieure. Dans la tranche au dessus, nous avons le Merle noir qui peut servir d‘élément de comparaison (25 cm de longueur environ et un poids d'environ 100 g).
    • Oiseau de taille moyenne. La Pie bavarde ou la Tourterelle turque (30-35 cm de longueur, 50 cm d'envergure et un poids de 200 g ou plus) pourront être prises comme référents.
    • Oiseau de taille moyenne supérieure. Puis la Corneille noire (45-50 cm de longueur et envergure de 90 à 100 cm).
    • Oiseau de grande taille. La Buse variable (L 55 cm, E 120 cm)
    • Oiseau de très grande taille. Enfin le Héron cendré ou la Cigogne blanche (L > à 100 cm et E 150 à 200 cm) sont de très grands oiseaux.


    Il conviendra de dire alors suivant les cas " de taille équivalente, ou plus petit ou plus grand que l'espèce de référence ". Ne pas hésiter à comparer sur le terrain à toute autre espèce connue présente simultanément.

  • Concernant la morphologie générale, s'efforcer de noter tout élément pouvant aider à l'identification :

    • les ailes sont-elles plutôt longues, étroites et pointues ou au contraire courtes, larges et arrondies (toutes les combinaisons sont possibles).
    • la queue est-elle courte, moyenne ou longue (par rapport au corps et aux ailes) et son extrémité est-elle carrée, arrondie, fourchue ? Est-elle tenue dans le prolongement du corps, ou alors relevée ou au contraire abaissée ?
    • les pattes sont-elles courtes, moyennes ou longues, voire très longues ? Dépassent-elles la queue en vol ?
    • enfin quelle est la forme du bec ? Les qualificatifs utilisables pour le décrire sont nombreux : fin, long, court, épais, plat, haut, conique, courbe, crochu, en poignard,... Penser à comparer la longueur du bec à la longueur de la tête.

Comportement de l'oiseau

Après cela, on s'efforcera de noter des éléments du comportement avant même la couleur qui est souvent difficile à apprécier.

  • Est-ce un oiseau solitaire ou bien fait-il partie d'un groupe ? Beaucoup d'oiseaux sont grégaires en dehors de la saison de reproduction.
  • Quand il fuit,
    • le fait-il de loin ou dans les pieds ?
    • S'esquive-t-il au sol ou alors s'envole-t-il ? Dans le premier cas, court il sur ses pattes en alternance ou saute-t-il sur ses deux pattes à la fois ?
    • S'il s'envole, comment est le vol ?
    • Les battements d'ailes sont-ils réguliers et constants ou bien les ailes ne battent-elles que de façon périodique, le vol devenant de ce fait onduleux ?
  • La façon de se mouvoir :
    • En milieu terrestre, se déplace-t-il spontanément au sol ou n'y va-t-il que ponctuellement ou pas du tout ? Ou bien se déplace-t-il dans la végétation ? Plutôt dans les hautes herbes ou plutôt dans les ligneux (buissons et arbres) ? Dans les arbres, explore-t-il la canopée ou se déplace-t-il le long des troncs ou des branches ?
    • En milieu aquatique, marche-t-il en eau peu profonde ou nage-t-il ? Reste-t-il en surface ou plonge-t-il aussi ?
    • En milieu aérien, le vol est-il battu ou plané, ou encore les deux en alternance ?
  • Au posé,
    • se met-t-il en évidence sur un perchoir ou reste-t-il à couvert ?
    • Se tient-il normalement, c'est à dire le corps oblique, ou alors le corps plutôt horizontal ou au contraire très vertical ?
    • Montre-t-il des mouvements nerveux des ailes et/ou de la queue ?
  • Si l'oiseau vocalise,bien noter les sons entendus en utilisant si possible des onomatopées qui les transcrivent au mieux. C'est surtout le cas pour les cris qui sont brefs. Les chants sont plus complexes et donc plus difficiles à décrire. Chante-t-il posé en évidence ou caché dans la végétation ?

Couleur du plumage

Enfin, on peut essayer d'apprécier la couleur du plumage (et pourquoi pas des parties nues, bec et pattes, quand c'est possible), mais attention on peut facilement se tromper, surtout pour un oiseau en mouvement, l'œil humain n'étant pas très performant. Le concours d'un instrument d'optique est souvent nécessaire. Il faut aussi tenir compte du fait que personne ne voit les couleurs de la même façon et donc ne les transcrit de la même façon. Il y a aussi un problème de langage. Des couleurs telles que fauve, chamois, beige, ocre, brun, marron, … recouvrent des réalités différentes suivant les personnes.

Bien sûr, il y a des oiseaux typiques qu'on reconnaît au premier coup d'œil comme la Pie bavarde au plumage noir et blanc et à la grande queue ou le Rouge-gorge familier dont la poitrine orangée se voit bien de face. Mais beaucoup d'espèces présentent un plumage cryptique protecteur sans caractère vraiment saillant, simplement en général plus sombre dessus que dessous.

Lorsque l'oiseau est bien vu, il faut noter tous les détails possibles. Le plumage est-il uniforme ou non ? Présente-t-il par exemple un sourcil au dessus de l'œil, des stries sur les parties inférieures, des barres sur les ailes correspondant souvent aux extrémités des couvertures alaires de couleur différente,…

En bref, ceci n'est qu'une esquisse de ce à quoi il faut prêter attention quand on est confronté à un problème d'identification. La classe des oiseaux est tellement diverse qu'il n'est pas possible d'envisager tous les détails physiques et comportementaux de ses représentants, même en se limitant à l'avifaune européenne, dans le cadre d'une note comme celle-ci.

Créé le 30/04/2015 par Jean François © 1996-2024 Oiseaux.net