Les oiseaux dits sédentaires restent dans le même habitat toute leur vie. Mais la moitié des espèces environ partagent leur temps entre deux endroits géographiques différents et migrent à intervalles réguliers. Une pénurie saisonnière de nourriture est généralement le signe du départ vers des cieux plus cléments. Dans les pays à climat tempéré, la nourriture, abondante en été et à l'automne, a tendance à se raréfier en hiver et au printemps. De plus, les journées étant plus courtes, les oiseaux ont moins de temps pour en trouver. Ce problème est particulièrement aigu dans les régions de haute latitude en Europe, où les ressources diminuent de façon importante en hiver, surtout dans les forêts d'essences caduques.
Parmi les espèces insectivores aptes à survivre à cette situation, certains pics et quelques sittelles débusquent leurs proies dans les troncs d'arbres dénudés. Si la plupart des oiseaux voyagent seuls, certains migrent en troupes composées d'une ou plusieurs espèces. La migration en groupes offre plusieurs avantages, dont une protection accrue contre les prédateurs (surtout pour les oiseaux qui voyagent le jour). Et les oiseaux les plus expérimentés servent de guides aux jeunes, notamment chez les oies et les grues. Certains migrateurs voyagent de jour, d'autres de nuit. Les canards, les pipits, les étourneaux et les pinsons se rangent dans le premier groupe. Les petits échassiers, les grives, les fauvettes et les gobemouches sont des voyageurs nocturnes.
Orientation
Les oiseaux migrateurs font preuve d'un prodigieux sens de l'orientation. En juin 1952, on capture un Puffin des Anglais dans son terrier de l'île de Skokholm, au large du pays de Galles. Après l'avoir bagué, on le transporta outre-Atlantique, à Boston, où il fut relâché. Il se trouvait alors à plus de 5000 kilomètres de chez lui. Douze jours plus tard, on le retrouvait sain et sauf dans son île natale. Les spécialistes savent que certains oiseaux naviguent à vue en se guidant, le jour, grâce au soleil et, la nuit, grâce aux étoiles. D'autres, comme les pigeons, utilisent le champ magnétique terrestre pour s'orienter. Quoique ces facultés sensorielles soient innées, les oiseaux migrateurs apprennent par expérience et finissent par se familiariser avec les régions qu'ils survolent. Ils se laissent porter par les courants aériens et marins, se guident selon les changements climatiques et suivent le passage d'autres oiseaux.
Stratégies
A chaque oiseau sa stratégie. Les passereaux voyagent par étapes, environ 320 kilomètres à la fois, et font escale si le temps devient menaçant. Un grand nombre d'oiseaux peuvent ainsi se retrouver en transit au même endroit en attendant une accalmie. Par conséquent, ils arrivent fréquemment par vagues. L'arrivée soudaine de milliers d'oiseaux migrateurs offre un spectacle inoubliable.
Quelques espèces parcourent d'incroyables distances (jusqu'à 1500 km par jour) sans escale. L'hirondelle de cheminée fait figure de championne : elle parcourt jusqu'à 10000 km chaque année, depuis le nord de l'Europe jusqu'en Afrique du Sud. D'autres espèces, tel le Combattant varié, migrent depuis la toundra à l'est de la Russie pour passer l'hiver en Europe de l'ouest ou en Afrique, parcourant des distances similaires. Des oiseaux comme le Traquet motteux, qui migre depuis l'Alaska jusqu'en Afrique, ou bien encore le Pouillot boréal, qui quitte la Laponie pour le Sud-Est asiatique, sont de grands voyageurs.
Irruptions
Les déplacements d'oiseaux ne sont pas toujours des mouvements migratoires. Il arrive que l'on observe des oiseaux en des régions où ils sont normalement absents. Ces déplacements, appelés irruptions, sont dus la plupart du temps à une pénurie des ressources alimentaires. Le Harfang des neiges, par exemple, ne consent à quitter les régions arctiques pour les environs de la Baltique qu'en hiver, quand sa proie favorite, le lemming, vient à manquer.