L’oiseau regarde l’eau de haut.
De 40 centimètres.
La hauteur de ses jambes y tient un bien grand rôle. 20 centimètres d’échasses, si l’on peut dire, expliquent que l’on trouve souvent ses charmes bien haut perchés.
Bien que les années passent, l’étonnement reste à peu près le même devant cette altitude.
Mais ce n’est pas le seul charme de l’échasse.
Gracile, élancée, elle se vêt de noir et de blanc, mais n’oublie pas d’y ajouter quelques touches discrètement rosées, comme toute élégante qui se respecte.
Et puis quel œil ! Vif, expressif, il agrémente le tableau.
Ajoutons-lui un bec, une dague, pointue à souhait, mais bien proportionnée, pas plus mince, pas plus longue qu’il ne faut. Seulement pour que le tableau soit parfait.
Monsieur se distingue par le haut de la tête et la nuque d’un agréable noir, sans doute aucun pour nous permettre de reconnaître son épouse plus aisément.
L’échasse, et notamment les mâles se distinguent, en effet, par une courtoisie et une affection rares.
Au contraire de bien de leurs congénères auxquels on pourrait reprocher l’union forcée ou l’indifférence, Monsieur ne répond qu’a l’invite de son épouse et, l’acte accompli, lui montre son respect, son amour, en croisant son bec avec le sien et en faisant quelques pas avec elle.
Ce célèbre câlin final et sa suite pourraient bien évoquer une sorte de marche nuptiale.
Notre amie nous montre ainsi qu’elle est non seulement élégante quant au physique, mais aussi dans ses comportements.
Evidemment, pour ceux qui ont la chance de l’observer plus longuement dans sa vie, il est indéniable qu’elle est très belliqueuse.
Oui mais…
Elle défend âprement son petit territoire dont elle chasse les voisins, petits ou grands.
L’échasse se montre également courageuse lorsqu’il s’agit de tenter d’écarter les prédateurs, souvent bien plus grands qu’elle.
Voici le « mais ».
Pour autant, elle ne montre en aucun cas méchante et ne cherche jamais à faire de mal à quiconque.
Monsieur de la Bruyère, lui-même, aurait certainement écrit dans ses « Caractères » que c’est une belle âme.
Lors de la construction du nid, la couvaison, puis l’élevage des enfants, la même solidarité règne entre les conjoints.
Ils se relaient fréquemment, rejetant vers l’arrière une brindille gênante, remettant tour à tour les 4 œufs en ordre, chacun prenant son quart sur la précieuse nichée encore en forme d’espoir.
25 jours plus tard, l’échasse se montre aussi bonne mère, protégeant ses poussins, les réchauffant sous ses ailes, repoussant d’éventuels agresseurs.
Avisée, de surcroit, lorsque l’agitation devient excessive sur les petits ilots qui accueillent ses nids, elle accompagne ses petits vers le marais voisin où ils auront plus de cachettes et ne subiront pas les attaques des mouettes rieuses.
En France, elle effectue son retour, vers le 15 mars, au plus tard vers la fin de ce mois.
Un jour, en entrant dans un marais qu’elle fréquente, vous entendrez son cri aigre, à nul autre pareil, et vous saurez qu’elle est là.
Son abondance varie selon les endroits, plus vastes ou moins, plus ou moins accueillants.
Elle est assez exigeante.
Pour sa reproduction elle a besoin de différentes choses, dont un niveau d’eau, facteur déterminant, qui doit atteindre la profondeur de 10 centimètres sans dépasser les 15.
L’échasse n’est pas de ceux qui témoignent d’une grande philopatrie.
Elle vient nicher chez nous, en quelques endroits, mais le nombre des couples peut nettement varier d’une année à l’autre. S’il a beaucoup plus au Sud de l’Espagne ou au Nord du Maroc, elle met fin à son voyage sans l’ombre d’une pensée pour ses territoires de l’an passé.
Il s’agit de l’un de ces oiseaux qui sont fortement influencés par leur environnement immédiat.
Pour conclure, nous ne pouvons que lui souhaiter bonne fortune et longue vie.
Avec un dernier souhait, plus égoïste, sûrement, à deux pas du printemps : que les pays du Sud restent secs, assez, au moins, pour qu’elle vienne en nombre nous charmer quand le moment sera venu.