L'amour chez les oiseaux

Cette période de la reproduction est essentielle, vitale.

Il s’agit tout simplement de défendre l’espèce, de la maintenir en vie.

Chez l’oiseau, la mortalité est importante : morts naturelles dues à l’âge, épuisement chez les migrateurs, prédation, ou facteurs anthropiques…

Il faut donc, à tout prix, renouveler l’effectif.

On penserait naturellement que la saison des amours se situe au printemps.

C’est vrai, en général, mais il ne faut pas oublier que la plupart des couples se forment en plein hiver et ceci marque évidemment le début des amours.

En Afrique, au dortoir, les Guêpiers scellent des pactes ; au fond de nos jardins, le Rouge-Gorge choisit son partenaire alors que plus au Nord, des Eiders ou autres Fuligules qui s’étaient perdus de vue au printemps se retrouvent opportunément sur leurs sites d’hivernage.

Heureux effet de la philopatrie car de nombreux oiseaux se montrent particulièrement fidèles à ces endroits.

Pour de nombreuses espèces, la période de la reproduction se poursuit par une migration.

La croissance forte des glandes sexuelles sert de déclencheur à l’activité migratoire.

Les oiseaux, chargés d’hormones, arrivent, tout excités, sur leur territoire.

Les mâles sont souvent les premiers.

Il faut, avant toutes choses, conquérir un territoire.

Sa taille varie selon l’oiseau et ses mœurs.

D’aucuns nichent en colonies et se satisfont d’une zone exiguë qu’ils peuvent défendre d’un simple coup de bec en restant assis sur leur nid.

D’autres sont plus solitaires et doivent donc conquérir, puis défendre un territoire.

Cette notion de défense est primordiale pour de nombreux ornithologues ; pour eux, le territoire est une aire défendue par un oiseau à un moment quelconque de son existence.

Echappent par conséquent à cette définition les zones de chasse de certains rapaces ou les zones de pêche des hérons.

Il est plusieurs types de territoires : le premier, généralement répandu, est le théâtre de tous les comportements de la reproduction et de tous les comportements alimentaires.

Pour d’autres, le territoire n’a qu’une signification sexuelle et est défendu par le mâle avec des attitudes vigoureuses et agressives.

Par contre, la nourriture des adultes et de leur nichée est collectée à l’extérieur de ce domaine sur des lieux de chasse ou de pêche communs à plusieurs couples.

Sans viser l’exhaustivité, on ne peut pas ne pas citer le cas des leks, simples terrains de parades, que l’on observe uniquement chez les oiseaux chez lesquels les femelles s’occupent seules des jeunes tandis que les mâles y pratiquent des parades collectives.

Les nids sont d’ailleurs construits dans un autre site.

Les exemples les plus connus sont fournis par les Tétras et les Combattants variés.

Au sein des territoires à vocation universelle, toutes les étapes s’enchaînent et s’entre coupent souvent.

Les mâles, conquérants, exhibent leur somptueux costume de noces, et font assaut de chants.

Ce sont les deux arguments prépondérants dont ils disposent pour attirer et convaincre une femelle.

Ainsi, le Troglodyte mignon, à la voix de stentor en dépit de sa taille très modeste espère-t-il trouver l’amour en chantant ; pour bien d’autres, c’est le temps des parades.

Les trilles ne suffisent pas.

Il faut montrer ses atours, ses plumes, son courage.

En vérité, il n’est pas rare que des oiseaux, pourtant fidèles à vie, paradent seulement pour consolider et animer leur couple.

Il en va ainsi pour la Grue du Japon, l’un des plus beaux chorégraphes, quand bien même notre Grue cendrée ne manque pas d’élégance.

Chez le Petit Gravelot, l’étalage des rectrices et les ébauches de nid, jouent un peu le même rôle.

Il est opportun de montrer sa force et son aptitude à fournir toute la nourriture à la future famille.

Au pays du Grèbe huppé, la parade et les offrandes qui en marquent le chemin sont réciproques.

Les deux futurs conjoints s’offrent mutuellement des bouquets d’herbes aquatiques et donnent à admirer leurs fleurs capitales.

Comme dans la plupart des cas, chez le Guêpier, c’est au mâle qu’il revient de faire le cadeau d’un bourdon ou bien d’une libellule.

Pour ceux qui hésitaient peut-être encore, le choix est fait ; confirmé pour les autres.

Il est temps de songer aux choses sérieuses.

Les accouplements s’ensuivent, naturellement, et croisent, souvent à la même période, le même jour fréquemment la construction du nid.

Ce travail, plus ou moins lourd et plus ou moins long selon l’espèce, est souvent le fait des deux conjoints.

Architecturale ou ascétique, épuisante ou non, l’élaboration de la coupe familiale est partagée dans la plupart des cas.

On note que le mâle apporte le plus souvent les matériaux alors que la femelle se charge de leur assemblage et de la finition, des touches de douceur telles que mousses, plumes ou duvet destinées au bien être des rejetons à naître.

L’étape suivante, la ponte, est évidemment l’apanage exclusif de la gent féminine.

Il est fort bien de pondre, encore faut-il couver.

Beaucoup partagent le travail et nous donnent à admirer les relais entre époux, lourds de sens quant à la vie des oiseaux.

Assez brefs chez les Petits Gravelots, les Echasses ou les Avocettes, ils sont plus longs chez les Grèbes qui prennent souvent le temps d’une toilette minutieuse, presque narcissique ou chez le Héron pourpré qui dépend du succès de sa pêche et peut prendre plusieurs heures.

Il est de notables exceptions !

Pluviers Guignard et Phalaropes femelles laissent à leurs époux le soin et la charge de couver leurs œufs et, d’ailleurs, de nourrir leurs enfants.

Ces Dames sont bien volages et enfreignent toutes les règles de la morale.

Au lieu d’honorer leur mission familiale, elles courent ailleurs à la recherche d’autres mâles.

Peut-être est-ce, en définitive, bon pour l’espèce.

La Nature a ses secrets que la morale réprouve sans doute, mais qui peuvent se révéler utiles.

Qui peut savoir ?

Hormis ces cas, l’élevage des jeunes est en général le fait des deux membres du couple.

La différence ne se fait plus ici selon l’humeur ou le sens de la moralité, mais en en fonction d’une autre loi naturelle.

Les uns donnent naissance à des poussins, les autres à des oisillons.

Le labeur n’est pas le même, il s’en faut.

Les poussins sont des jeunes nidifuges : dès qu’ils sont secs, au bout de quelques heures à peine, ils sont capables de s’alimenter seuls et rejoignent l’onde le plus souvent. Il suffit aux géniteurs d’assurer leur surveillance, ce qui est loin d’être une entreprise aisée.

Une exception, peut-être, concernant l’Huîtrier pie, auteur des jours de poussins nidifuges, qui ont été parfois observés, six mois après l’éclosion, en train d’aider leurs enfants à ouvrir les bivalves.

Les oisillons naissent nus et aveugles et condamnent leurs parents à une assistance régulière et prolongée qui peut aller d’une quinzaine de jours à plusieurs mois, sans compter le service hors du nid lorsqu’il sera quitté.

Le succès de la reproduction pourra varier selon des conditions naturelles, l’action de l’homme, parfois néfaste, et la prédation.

Oublions un instant ces aspects un peu sombres, car les oiseaux sont nés.

L’espèce s’est renouvelée et c’est là l’essentiel.

Créé le 22/06/2017 par Patrick Fichter © 1996-2024 Oiseaux.net