Le vaste monde abrite des oiseaux de toutes les couleurs.
Des blancs, des rouges, des jaunes, des verts, des bleus…
Les plus élégants d’entre eux conjuguent plusieurs couleurs, et s’il fallait en citer un exemple, ce serait bien sûr le Guêpier d’Europe.
D’autres, plus modestes, se contentent d’un costume noir.
Ils sont nombreux parmi les corvidés, avec les corneilles et les corbeaux, les chocards et les craves.
Cette tenue est également de rigueur chez les cormorans, mais aussi chez certains pics, cigognes et cygnes.
Quel peut donc être l’oiseau noir qui fait l’objet de notre propos ?
C’était un oiseau purement forestier jadis.
Peu à peu il s’est rapproché de l’homme pour devenir un hôte régulier des parcs et jardins. Son régime éclectique le fait passer pour la terreur des lombrics bien qu’il soit également baccivore et se régale avec plaisir des fruits du laurier thym, de l’arbousier, du lierre et aussi du bois carré, le fusain d’Europe ou des grenades, par exemple.
Ses activités au jardin sont charmantes et variées, de la promenade sur les pelouses à l’élevage de ses jeunes dans les haies de bordure ou dans un arbre accueillant.
Excellent chanteur, il nous berce de ses sérénades, hautement appréciées, même si sa cousine la Grive musicienne lui fait une concurrence de haut niveau.
Ainsi se présente notre ami le Merle noir.
Il existe chez lui un dimorphisme sexuel, sensible même s’il n’est pas profondément marqué. Le mâle est noir, présente un bec jaune orangé, ainsi qu’un cercle orbital de même couleur.
Plus discrète, comme de coutume, la femelle se cantonne dans les bruns et son cercle orbital est moins marqué.
Les enfants jeunes portent un costume dans les bruns foncés puis, à l’adolescence, se vêtent de brun doré éclatant, tenue qui permet de les identifier jusqu’à leur première mue.
En ce qui concerne les adultes, il est relativement fréquent d’observer des aberrations de plumage à la croisée du leucisme et de l’albinisme.
A l’extrême, l’individu qui est affecté peut devenir un oiseau blanc.
Même s’il est commun, sa vie et ses mœurs sont bien loin de manquer d’intérêt.
C’est un migrateur partiel, ce qui signifie que certaines de ses populations migrent alors que d’autres ne le font pas ; à l’instar d’autres espèces, ce sont ceux qui habitent le plus au nord qui se mettent sur l’aile.
Ainsi, vous verrez peut-être un matin une dizaine de merles discuter (avec plus ou moins de douceur) alors qu’ils n’étaient que quatre la veille.
Hormis ses visites quotidiennes en différents endroits de votre jardin, vous aurez peut-être un jour la chance d’être témoin de sa parade nuptiale.
Toutes plumes (ailes et queue) étalées, le mâle se baisse et tourne autour de sa dulcinée qui entre dans le mouvement jusqu’à l’union finale.
Peu de temps après, à la fin de l’hiver, on voit les oiseaux s’affairer, le bec empli de brindilles ou de mousse : ils construisent leur nid, une belle coupelle en général. La femelle y dépose de 3 à 6 œufs (quatre en général) vert clair tachés de brun.
Elle assure seule la couvaison, même s’il arrive parfois que le mâle la remplace pendant quelques instants.
Les oisillons percent leur coquille au bout de deux semaines ; ils restent au nid 12 à 13 jours et sont encore nourris par les parents durant 3 semaines.
Mais le temps presse car une deuxième couvée constitue la norme.
Aux beaux jours, l’heureux possesseur d’un jardin habité par les merles pourra se régaler de leur chant fluté et aussi écouter deux autres cris ; le « tchoc tchoc » qui sonne le rassemblement au crépuscule, et la série de « kic kic kic » qui lui a sans aucun doute valu l’appellation de merle moqueur.