La vie de famille

La mortalité est importante au monde de l’animal. Vieillesse, épuisement, manque de nourriture, prédation, sans oublier les causes anthropiques : chasse excessive, pollutions diverses, dérangements en tous genres, destructions d’habitats…

L’oiseau est loin d’y échapper.

Aussi, comme tout être vivant, pour pérenniser son espèce, ou tenter de le faire, il doit se reproduire.

Pour les sédentaires, plus ou moins stricts, de la Perdrix grise au râle d’eau, les choses sont simples, du moins en apparence. Chez les migrateurs, il faut, en outre, parcourir quelques milliers de kilomètres avant de se mettre en « chemin de famille » pour reprendre l’expression d’un vieil ami.

Dans tous les cas, l’horloge interne sonne.

Les gonades croissent, arrivent à leur apogée et signalent, dans tous les cas, à l’oiseau que le temps est venu de fonder un foyer.

Après l’éventuel voyage, le scénario est connu : parades, conquêtes ou bien défenses de territoire, offrandes et puis accouplements.

Bien des nuances existent selon l’espèce.

Les offrandes, par exemple, peuvent être unilatérales ou bien mutuelles, porter sur des matériaux de construction comme chez les Grèbes ou les Cigognes, ou bien revêtir un aspect alimentaire, parfois crucial, pour le Guêpier d’Europe.

Vient ensuite la construction du nid. Ici encore, les choses sont partagées, bien qu’en règle générale nous puissions retenir comme principe que c’est la femelle qui, sur les propositions plus ou moins opportunes de son époux, décide de l’emplacement et se trouve en général chargée de la finition.

Au temps de la ponte, il n’y a pas d’exception ! C’est bien la gente Dame qui dépose les œufs dans le nid, plus ou moins douillet, franchement architectural ou carrément ascétique.

Il faut couver maintenant.

C’est une étape vitale, évidemment, et souvent la règle du partage prévaut.

Elle nous offre l’occasion d’admirer les relais entre époux avec, comme le fait si bien le Petit Gravelot, une courtoise présentation d’ombrelle, et d’écouter avec bonheur les échanges vocaux qui les accompagnent.

Nous voici rattrapés par une exception. Il en est quelques autres, assez rares, mais pour n’en citer qu’une, le Phalarope mâle se voit confier cette tâche (ainsi d’ailleurs que l’élevage des jeunes), son épouse, foncièrement volage, vole sans se soucier du reste vers de nouvelles amours.

Ceci est peut-être opportun, qui peut savoir, pour la bonne santé de l’espèce.

Une question au fait.

Combien faut-il de temps faut-il pour faire un oiseau ?

Abstraction faite du temps de déplacement qui ne les concerne pas tous, il faut songer à nouveau au premier acte (parades, offrandes, etc…) et tenir compte de la durée d’incubation.

Voici un nouveau principe, somme toute assez logique.

Plus l’oiseau est grand, plus l’incubation est longue.

Deux exemples : pour le Balbuzard pêcheur elle dure en moyenne 37 jours contre 14 chez la Mésange charbonnière.

Il s’ajoute à ceci la durée de « dépendance au nid » qui suit à peu près le même rythme.

Ainsi, il faudra presque 2 mois aux jeunes Balbuzards pour prendre leur premier envol tandis que les enfants du Troglodyte mignon découvrent la pleine vie au bout de deux semaines à peine.

On imagine sans peine tous les efforts de nourrissage nécessaires à ceux dont la croissance des jeunes est plus longue.

La distinction entre les oiseaux nidicoles et les oiseaux nidifuges prend tout son sens car, en ce dernier cas, le rôle des parents se limite (si l’on ose dire) à les protéger des prédateurs.

Mais, bien sûr, pour confirmer la règle, on a observé le cas d’Huîtriers pie qui nourrissaient encore leur jeune six mois après son éclosion. C’est un privilège rare chez les limicoles.

ça n’est pas tout encore.

N’oublions pas qu’après leur sortie du nid, la plupart des jeunes passereaux sont nourris encore pendant trois semaines.

La question a désormais sa réponse.

Combien de temps faut-il ? Beaucoup !

Un dernier mot, peut-être…

Deux espèces bien connues poussent le zèle encore un peu plus loin.

La Grue cendrée et la Bernache cravant gardent l’œil sur leur descendance pendant la migration post nuptiale et tout au long de l’hivernage.

Elles méritent sans doute une palme que détient déjà, du reste, la dernière citée.

Créé le 15/08/2016 par Patrick Fichter © 1996-2024 Oiseaux.net