Capable des plus prodigieuses performances, notre ami, l’oiseau, doit soigneusement entretenir son plumage capable de le protéger contre la froidure, la bise venue du Nord, ou contre la chaleur, source d’hypothermie et de déshydratation.
Mais ce costume naturel s’use assez rapidement en raison des frictions avec l’air et des nombreuses sollicitations dont le vol est loin d’être le dernier acteur.
Chaque jour, il lui faut boire, évidemment, mais aussi prendre le temps de minutieuses toilettes.
On dit, non sans raisons, « Selon l’oiseau, le nid ».
Il n'est pas moins vrai que chaque oiseau a son bain.
Il est des bains de soleil dont sont adeptes les Merles, les Tourterelles et même le Guêpier.
Des bains de fourmis, comme chez l’Etourneau ou le Geai.
Ou des bains de poussière comme savent si bien en prendre les Moineaux et quelques hirondelles.
Quelque forme qu’il prenne, le bain permet aux oiseaux de se débarrasser des parasites (acariens, champignons microscopiques) qui risquent d’infecter leur plumage et leur peau.
Après le bain vient la toilette authentique façon de se remettre les plumes en place.
Un nettoyage à sec chez le Héron cendré, muni d’un peigne, ou bien un recours, pour d'autres oiseaux aquatiques, à la glande uropygienne située à la base du croupion, suivi d’un méticuleux lissage des plumes pour les anatidés.
Le seul passereau à en être pourvu est, fort logiquement, le Cincle plongeur.
Pour nombre d’entre eux le bain se passe donc dans l’eau.
Ils ont bien des façons de faire.
Certains font jaillir des myriades de gouttelettes, battant énergiquement des ailes, après quelques instants de réflexion.
Pour d’autres, c’est de toute évidence un jeu.
Une troupe de Sarcelles d’hiver ou bien de Canards Colvert se donnent ainsi du bon temps.
Un premier oiseau plonge, revient vers la surface et plonge de nouveau.
Très rapidement, son excitation se propage à la bande entière qui plonge à qui mieux mieux, visiblement heureuse de vivre et de jouer.
D’autres encore, plus solitaires, prennent tout le temps.
Immergés, ils semblent songer.
Quelques modestes battements d’ailes, effectués, comme à regrets, et puis c’est tout, ou presque.
La baignade prend des allures de bain de siège. Plongé dans l’onde jusqu’à la ceinture, l’oiseau reste immobile, médite longtemps et s’envole finalement.
Il en va ainsi chez l’Aigrette garzette et le Bihoreau gris, par exemple.
Mais, quelques-uns, la plupart serait-on tenté de dire, associent le jeu et la joie de vivre au plaisir tout simplement.
Ils font, au sortir du bain, des bonds que nulle nécessité physique ne saurait expliquer.
C’est le cas de nombreux chevaliers ou apparentés.
Chevalier gambette, Combattant varié, Grand Gravelot procèdent de la sorte, sans omettre, des cousins plus éloignés tels la Sarcelle.
Les rapaces ne sont pas exclus de la fête avec le Busard des roseaux qui ne dédaigne nullement cette plaisante récréation, même s’il commence avec circonspection cet épisode, influencé par une prudence au-dessus de la moyenne.
Au jardin même, si l’on a pris la sage précaution de placer de petits abreuvoirs, fauvettes, mésanges ou pouillots bondissent aussi de joie, bien que leur petite taille et leur vitesse ne permettent pas souvent de les voir en détails.
Il est vraiment plaisant de voir tous ces oiseaux en forme, heureux, trouvant sans peine l’élément dont ils ont besoin pour satisfaire leur besoin naturel dans le bonheur et le calme.