Doivent-ils leur nom au bruit du traquet du moulin ou bien à une strophe « Trac Trac » familière chez eux, bien qu’ils nous fassent entendre bien des notes plus mélodieuses ?
Le mystère reste entier mais il n’y a là rien de très important.
Au hasard des fluctuations de la taxinomie on peut en trouver au moins 40 différents de par le monde.
Des Turdidés aux Muscicapidés…
L’ancien Traquet Pâtre est devenu Tarier des prés au fil de l’histoire scientifique.
Bien sûr, il y a le Traquet Kurde, rarissime, mais célébré très récemment par un petit ouvrage retraçant plusieurs pans de l’histoire de l’ornithologie, et aussi le Traquet deuil, magnifique dans sa sombre tenue, le Traquet du désert, et bien d’autres encore.
Dans les limites de notre hexagone, ce sont plutôt le Traquet oreillard ou le Traquet isabelle qui charment notre regard.
A condition, c’est préférable, de résider dans la moitié Sud.
Et il y aussi…
Le plus célèbre d’entre eux, le Traquet motteux.
Nicheur a priori plutôt montagnard, il se reproduit également en bordure du littoral, de la Bretagne à la Vendée.
Eclectique dans les milieux qu’il fréquente, il affectionne aussi les labours, à condition qu’ils soient pourvus de grosses mottes, ce qui lui a d’ailleurs valu son nom.
C’est l’oiseau des records !
A peine plus lourd que deux bonnes cuillérées de gros sel (à peu près 25 grammes), cet oiseau est le migrateur terrestre qui parcourt la plus grande distance : 30 000 kilomètres aller -retour du Groenland à l’Afrique sub saharienne.
En Gironde, il n’est pas un nicheur abondant.
Dans ce département, il pourrait bien être considéré comme un passager.
Mais ses visites sont régulières ; en avril au printemps, en septembre à l’automne.
Il est souvent un peu trop tôt ou bien trop tard pour l’admirer dans son superbe plumage nuptial, contrasté entre les blancs, les noirs, l’ensemble étant adouci par quelques gris.
On n’oublie pas aisément son masque noir qui court de la base du bec pour rejoindre le bas de la nuque, mis encore plus en valeur par son sourcil blanc bien marqué, et, pas davantage les teintes jaune orangé qui décorent sa poitrine.
Et puis, lorsqu’il s’envole, il nous donne à admirer son croupion blanc et, surtout, ses rectrices qui forment une sorte de T inversé, terminé par une barre du plus beau noir.
Dès que septembre s’annonce, il devient difficile de distinguer les mâles des femelles.
La mue a fait son œuvre et l’oiseau a oublié ses riches atours printaniers.
Laissons sans regrets aux montagnards le plaisir d’observer ses jeunes.
L’oiseau peut sembler agité, sans cesse en mouvement pour capturer ses proies, allant parfois jusqu’à faire le Saint-Esprit, comme un de nos faucons tout aussi célèbre.
Ce sont surtout les invertébrés qui composent son menu, bien qu’il ne dédaigne ni les baies, ni les graines, à l’occasion.
Agité, peut-être, mais pas farouche.
Pour peu que l’on se montre discret, il se montre même curieux, rejoignant, en sautillant, comme toujours, cet individu pour lequel il ne ressent aucune méfiance.
L’automne avance vite, et bientôt, les derniers visiteurs nous ont quittés, mettant le cap au Sud.
Il n’est plus que d’attendre le prochain printemps, après avoir dit « Merci Traquet », en se souvenant que nos prochains passagers auront parcouru des milliers de kilomètres pour nous rendre visite.