Parmi les plus petits de nos chevaliers, le Sylvain est probablement le plus célèbre.
Il doit sans conteste cette notoriété aux travaux de Luc Hoffmann, un très grand nom parmi les ornithologues.
Ses travaux inlassables et variés ont conduit à la création de la Station de la Tour du Valat, à la fondation du WWF et à bien d’autres faits qui conduisent à saluer ce grand homme qui nous a quittés à la fin du dernier mois de juillet.
Les légitimes hommages ont été nombreux et, à mon tour, bien plus modestement, je le salue très respectueusement.
Pour revenir à notre petit oiseau, nous devons justement aux travaux de Luc Hoffmann de savoir que, parmi les limicoles, il compte parmi les rares à accomplir une sorte de migration de mue.
C’est assez approximatif en l’occurrence, mais l’auteur de ces observations nous a enseigné que s’il ne s’agit pas, à proprement parler, d’une migration de mue, le Chevalier sylvain fait au moins un séjour de mue, en Camargue, à l’orée de l’automne, venant de Falsterbö en Suède sur la route qui le conduit au Maroc, et plus au Sud encore.
Les troupes nombreuses arrivent à grande vitesse puisqu’il a été mesuré qu’elles pouvaient parcourir jusqu’à 1 000 kilomètres par jour.
Les oiseaux muent leurs rémiges avant de repartir vers le Sud, aussi promptement qu’ils étaient venus du Nord.
Quelques références quant à la taille.
Pour le classer parmi les petits chevaliers, il est possible de citer le Chevalier aboyeur, l’un des plus grands, qui atteint les 35 centimètres avec un poids moyen de l’ordre de 155 grammes.
Evoquons seulement le poids pour les petits avec 80 grammes pour le Cul-blanc, 70 pour le Sylvain et 50 pour le Chevalier guignette.
Sous ce simple aspect, seuls ces trois derniers peuvent, le cas échéant, prêter à confusion.
La stature, à elle seule, permet de ne pas prendre la « Guignette » pour un autre, elle le hoche-queue du marais. Les deux autres ont également des mouvements oscillatoires du dos, mais moins vifs et moins nerveux.
C’est donc entre Sylvain et Cul-blanc que la finale a lieu.
Le manteau est tacheté, dans les deux cas, et l’extrémité des rectrices marquées de noir.
Tout est fait par la Nature pour que nous les confondions.
Ou presque…
Le Sylvain possède un large sourcil blanc tandis que son proche parent le Cul-blanc ne montre qu’un joli cercle orbital de la même couleur.
Mais le critère indéfectible, diagnostique, tient à l’intérieur des ailes.
Bien entendu, il n’est pas toujours aisé de les voir, et ceci ne dépend que de la posture que veut bien prendre l’oiseau.
Gris clair pour le Sylvain, elles sont noires de Jai chez son cousin.
Si la lumière est bonne, il n’est pas toujours nécessaire qu’on nous amène le jeune homme.
Notre héros du jour, éclairé par une lumière douce, montre sur son manteau de belles mouchetures jaunes qui confinent à l’or.
La nuance entre le jaune doré et le blanc crème n’est pas toujours facile à faire, mais tout de même, c’est une piste.
Tous les deux nichent de la Scandinavie à la Sibérie orientale et peu d’entre eux hivernent en France.
Sans doute les haltes en France sont-elles plus précoces pour le Sylvain que pour le Cul-blanc ; quelques oiseaux estivent chez nous sans pour autant nicher et ce fait entraine souvent une difficulté pour distinguer les populations estivantes de celles qui arrivent, juste un peu plus tard, pour faire une étape qui peut nous permettre de les rencontrer jusqu’à novembre.
L’hiver sera donc, pour nous, le début d’une période de patience, puisque cédant aux charmes de l’Afrique, tous deux la rejoindront pour fuir nos frimas.