Entre vents et marées, ignorances et mépris, la vie d’un oiseau n’est pas facile.
Pour beaucoup d’entre eux, il faut parcourir de grandes distances, à force d’efforts, que le vol soit battu ou plané.
Des milliers de kilomètres, avec pour témoins la fatigue, la faim, la soif, les prédateurs opportunistes, et l’homme.
La chasse, sans doute pratique un peu surannée, acceptable, peut-être, dans certains pays mais démentielle en d’autres comme Chypre, par exemple.
Malgré tout cela, il faudra à l’oiseau franchir les mers, surmonter les déserts non pour se reposer comme il en aurait bien gagné le droit, mais pour faire de nouveaux efforts.
Il ne connaît ni les 35 heures, ni les billets si verts soient-ils…
L’oiseau, enfin arrivé sur ses sites de reproduction, va devoir conquérir puis défendre son territoire.
L’avenir de sa famille, de ses enfants, de son espèce même en dépendent.
Point de repos en perspective.
Ensuite, il faudra construire un nid, architectural ou ascétique, selon l’espèce.
Les femelles, seules aptes à cette affaire, vont pondre.
Un œuf, 2, 4 ou 18…
Il faudra d’abord les couver, en partage ou bien face à la solitude pour les mâles de Phalarope ou de Pluvier guignard.
Les relais sont fréquents pour la plupart.
Le Petit Gravelot tend une tendre ombrelle à son épouse, et, chez les Avocettes, ou Les Echasses, le rituel est respecté à chaque remplacement, avec des brindilles ou des grains de terre projetés vers l’arrière.
Les Grèbes huppés procèdent un peu de même, avec des apports réguliers d’herbes aquatiques, voire de branches, comme s’ils redoutaient que leur plateforme ne soit pas encore assez robuste.
Mais c’est loin d’être fini !
A l’éclosion des premiers petits, les parents de poussins nidifuges s’en tirent à bon compte ; leurs enfants savent se nourrir seuls quelques heures après avoir brisé leur coquille.
Il suffit de les guider vers les endroits les plus propices et de les surveiller un peu pour leur enseigner la prudence.
Rien de tel chez les passereaux, par exemple.
Nus et aveugles à la naissance, leurs rejetons resteront au moins 15 jours au nid.
Des heures de nourrissage en perspective.
Le premier envol, souvent attendu, stimulé, provoqué, n’est pas libérateur.
Durant les 3 premières semaines de leur croissance, ces jeunes affamés doivent être encore alimentés, inexpérimentés qu’ils sont encore.
Les jeunes Merles de mon jardin m’ont enseigné, que, pourtant fort habiles pour consommer les pommes quotidiennement offertes, ils n’en cessent pas moins de poursuivre leur mère, réclamant la becquée.
Elle travaille cependant à la prochaine nichée.
Un peu plus tard, il faudra, pour nos amis migrateurs, faire le chemin inverse, affronter les éléments, les périls, l’épuisement, et l’homme, encore.
La vie de l’oiseau n’est pas une sinécure.
Pourquoi donc l’ignorer comme le font tant de nos contemporains qui confondent aisément un Milan avec une Corneille ou bien pire encore ? Sans que ceci les empêche du reste de négliger la présence de leurs voisins humains, faisant, dans les réserves, autant de bruit que possible, du haut de leur ignorance et de leur mépris ostentatoire.
Il ne suffit donc pas à l’homme de pulluler, atteignant les limites de la déraison, de détruire petit à petit, et de plus en plus vite, les milieux naturels. Les enseignements de Jean Dorst ou aussi de d’Albert Jacquard, dans un style différent, seront donc restés lettre morte, quarante années plus tard !
Tuer semble toujours acceptable à ceux qui ont pour seule ambition de charmer les gosiers sensibles de clients argentés et traditionnalistes, en France et en d’autres pays.
Est-ce donc là le progrès dont on nous rebat les oreilles ?
Ne confondons surtout pas les mots et ne parlons plus jamais de progrès en constatant la régression.
Le temps de la révolte a sonné.
Il est temps que l’oiseau donne quelques coups de bec à ce bipède qui devrait pourtant le chérir.
A force d’égoïsme, de bêtise, et d’ignorance, c’est pourtant l’homme précisément, qui sera bientôt en tête sur la liste rouge des espèces menacées de disparition.
Prétendu être supérieur, cet animal pensant (de moins en moins) a fâcheusement rompu ses liens avec la nature, et en a quitté d’autres.
Oublieux des Lemmings, aura-t-il l’esprit d’éviter le suicide collectif qui se profile à l’horizon ?