Nous le savons depuis longtemps. Notre planète prend un coup de chaleur.
Ce réchauffement climatique, qui a fait, à la fin 2015, l’objet d’une très importante conférence internationale, la COP 21, nous inquiète, malgré les sages décisions prises auxquelles nous souhaitons les lendemains les meilleurs.
Il nous déroute, après le mois de décembre le plus chaud de notre histoire, et ce janvier printanier marqué par la clémence des températures en Europe centrale et en Europe de l’Est.
L’oiseau semble lui aussi y perdre un peu son latin, avec ces merles et ces grives qui se mettent à chanter bien plus tôt que d’ordinaire, et les Grues qui partent vers le Nord-Est, très en avance sur leurs habitudes.
Nous savions, naguère, que l’hiver était le mois du calme, un mois alimentaire pour ceux qui passent cette saison près de nous, un mois de repos pour nos futurs hôtes africains.
Le printemps marque, en général, le temps de leur retour, celui des plumages nuptiaux, des parades, de la construction des nids et des accouplements.
Quand vient l’été, l’oiseau couve, ou nourrit sa progéniture, et puis viennent les premiers départs, plus ou moins tôt selon l’espèce.
L’automne est l’époque des premières feuilles rousses et celle de l’impatience que nous avons devant la migration qui doit ramener vers nous les hivernants. Jamais assez vite à notre goût.
Qu’en sera-t-il demain ?
Bien malin celui qui pourrait le dire.
Quelques repères s’offrent à nous bien qu’en la matière les plus grands doutes persistent, en dépit des avancées de la connaissance.
Comme l’arbre affiche ses bourgeons en hiver, c’est à cette saison que nait l’amour, que les couples se forment chez nos amis oiseaux.
C’est vrai pour le Guêpier, qui, un soir, dans son dortoir sénégalais, déclare sa flamme et scelle le pacte qui l’unira pour sa vie entière à sa femelle.
Encore vrai pour la plupart des canards plongeurs, qui, comme, par exemple l’Eider, montrent une grande fidélité à leurs sites d’hivernage. Leurs femelles couvent encore lorsqu’ils quittent leur aire de reproduction. Mais, fort heureusement, ils se retrouvent un peu plus tard et forment leurs couples.
Le temps de la migration prénuptiale arrive à petits pas. Les milans, la gorge bleue, les échasses, nous rejoignent. D’autres seront là quelques semaines plus tard. Chacun a son calendrier, sa propre horloge interne.
Avec ce fameux réchauffement, viendront-ils plus tôt ? C’est la tendance que l’on observe depuis quelques années.
D’autres ne viendront-ils plus nous voir, capables de faire leurs nids plus au Nord ?
D’autres, encore, que nous ne voyons guère, seront-ils plus nombreux ?
Ce n’est pas impossible si on en croit les observations déjà fort anciennes.
L’oiseau a montré en de multiples occasions qu’il savait s’adapter.
Qui sera là nichera, élèvera ses enfants.
L’été, par conséquent, ne devrait pas ajouter à nos éventuelles surprises printanières.
A la chute des premières feuilles que pourrait-il donc survenir ?
Les arrivées seront-elles plus tardives ? Ou plus précoces ?
Précisons que ce réchauffement n’aura pas, de toute façon, la même intensité dans toutes les régions de la planète.
Il est possible, encore, que, les itinéraires évoluant, d’autres ne passent plus par notre pays ou que d’autres y fassent étape pour la première fois...
Au moment de l’hivernage, nous n’aurons plus, ceci semble d’ores et déjà acquis, le même nombre de canards, entre autres.
Avec une tiédeur inhabituelle (quoique nous en soyons déjà témoins depuis quelques années) dans le septentrion, on voit mal pourquoi ces oiseaux flexibles se fatigueraient en pure perte par tant de battements d’ailes superflus.
Les séjours pourraient bien être d’une durée plus brève. Les Grues nous le montrent bien.
Mais des nuances existent et subsisteront car chaque espèce n’a pas exactement la même réactivité face aux conditions météorologiques locales.
Tout ceci n’est, bien entendu, que pure conjecture. De simples hypothèses, une piste de réflexion.
Elle n’est pas intégralement inutile car, nous aussi, devrons nous adapter.
En espérant que demain soit beau, pas trop chaud, si possible.