Cousins, mais à part

Les Hérons cendrés, très répandus, sont bien connus. Il n'en est pas de même des Hérons pourprés présents pendant la belle saison en Lorraine, mais rares et très localisés. Ces deux espèces sont à la fois proches et distinctes par leur plumage, par des détails anatomiques et certains de leurs moeurs.
Le mois de septembre est une période propice pour observer les pourprés farouches et secrets. C'est le pic de leur migration qui les conduit, à peu d'exceptions près, en Afrique subtropicale. A cette époque, ils sortent plus volontiers de l'abri des grandes roselières où en grande partie, ils se tiennent bien camouflés. C'est le moment aussi où ils peuvent être rejoins par des migrateurs de passage venus en particulier de l'Allemagne du Sud.
Au contraire des Hérons cendrés qui fréquentent les milieux ouverts les plus divers, de préférence à proximité de l'eau, les hérons pourprés sont inféodés de façon étroite aux vastes roselières. Cette exclusivité nuit au maintien de leurs populations qui n'ont toutefois jamais été abondantes. Les roselières ont régressé de façon significative en nombre et en surface au cours des dernières décennies dans toutes les zones de nidification de ces échassiers en Europe, y compris en France, voire en Lorraine. En 1994, leur effectif global dans l'hexagone était estimé à près de 2000 couples alors considérés en diminution. En Lorraine, leur nombre est évalué entre 40 et 50, dont la grande majorité en Moselle. Des fluctuations sensibles ont lieu d'années en années comme partout ailleurs, en Camargue, leur bastion principal en France, en Dombes, en Charente-Maritime, en Brenne, au Lac de Grand-Lieu etc.
Dans notre région, c'est l'étang de Lachaussée ( 55 ) de Videlange à Gelucourt et surtout de Lindre ( 57 ) qui sont des endroits privilégiés pour essayer de les observer.
Ces deux espèces ont en commun d'être avant tout des piscivores. Le fait de consommer surtout des poissons leur a attiré l'animosité de certains pêcheurs concrétisée par des tirs et des piégeages. A présent, ces hérons sont sur la liste des oiseaux légalement protégés, mais légalement seulement, car trop nombreux sont ceux ignorant ou ne respectant pas la loi ( autre exemple: la destruction encore pratiquée de nids d'hirondelles )
Les Hérons pourprés, comme leurs cousins, consomment, outre des poissons, des petits rongeurs, des grenouilles, des coléoptères et leurs larves, des libellules, des sauterelles etc. Ils chassent dans les troués et en lisières des roselières, ainsi que dans la végétation clairsemée des marais, des bords d'étangs et des lacs. C'est au cours de leur quête de nourriture qu'ils leur arrivent de se découvrir le plus souvent.
Au contraire, pendant la nidification, ils restent davantage cantonnés dans les roselières denses, hautes et inondées où ils construisent leurs nids au-dessus du niveau de l'eau. Ils ont l'aspect de plates-formes accrochées à des cannes solides de roseaux, comme posées sur des pilotis. Ceci explique pourquoi les massifs de vieux roseaux sont d'emblée choisis au retour de ces migrateurs en mars-avril. Au besoin, ils retardent leur installation jusqu'à la croissance suffisante des nouvelles pousses ou s'installent dans des buissons de saules mêlés à la roselière, voire sur des arbres, par exception.

Créé le 08/09/2013 par Gilbert Blaising © 1996-2024 Oiseaux.net