Avant-propos : Qui ne s’est jamais questionné sur l’identité d’un pouillot explorant activement et en silence le feuillage d’un ligneux en dehors de la période de reproduction ? Probablement peu d’entre nous.
C’est pour aider à l’identification de nos deux pouillots communs, le véloce et le fitis, que ce papier a été conçu.
Il est bien évident qu’en période de reproduction, les émissions vocales bien typiques de chaque espèce facilitent grandement la tâche. Mais attention car les deux espèces peuvent très bien cohabiter et l’une des deux rester silencieuse en présence de l’observateur. Une observation directe est donc un plus.
Comme je l’ai fait par ailleurs, je parlerai successivement de la répartition, de l’habitat de reproduction, des caractéristiques corporelles et de plumage et enfin de la voix.
Enfin, pour faire court et ne pas être répétitif, je parlerai de Pv pour le Pouillot véloce et de Pf pour le Pouillot fitis.
Le Pouillot véloce se reproduit en Europe moyenne de l’Atlantique à l’Oural. L’aire de répartition s’étend vers le nord jusqu’au sud de la Scandinavie et vers le sud jusqu’au nord de l’Espagne et à la Méditerranée.
C’est un migrateur partiel. Il passe l’hiver déjà au sud de son aire de reproduction, sur le pourtour méditerranéen, dans le nord de l’Afrique, enfin aux Proche- et Moyen-Orient. On peut donc le voir en France toute l’année, surtout dans le sud et l’ouest du pays.
Le Pouillot fitis lui a une aire de reproduction plus septentrionale qui s’étend des Îles britanniques au nord-est de la Russie. Vers le nord, elle atteint le nord de la Scandinavie et vers le sud elle n’atteint pas la Méditerranée, ni les Balkans ni la Mer Noire. En France, on ne trouve l’oiseau reproducteur que dans les deux tiers nord du pays.
C’est un grand migrateur qui n’arrive chez nous qu’en avril et nous quitte en septembre pour aller passer l’hiver en Afrique au sud du Sahara.
En conséquence, des deux, seul le véloce peut être observé en France d’octobre à mars. Quoique, avec le changement climatique, un fitis fin mars ne serait pas une grosse surprise.
Les deux espèces ont besoin des ligneux dans leur habitat mais ne sont pas forestiers pour autant. Localement, leurs territoires peuvent être proches et même se chevaucher.
L’habitat du Pv comporte des arbres et arbustes essentiellement feuillus, mais doit être assez ouvert pour permettre à une strate herbacée de s’exprimer qui permettra la nidification. L’espèce fréquente ainsi les lisières, clairières et tranchées forestières, les boisements clairs, les ripisylves, les aulnaies-frênaies, le bocage, les parcs, les vieux vergers, etc. Il monte en altitude jusqu’à près de 2000m à la faveur des formations dominées par les conifères.
Le Pf occupe des milieux plus ouverts avec une strate arbustive claire laissant place à une strate herbacée plus présente. Il peut se passer des arbres. Dans la toundra arctique, c’est l’oiseau de la saulaie-boulaie. En milieu tempéré, on le retrouve proche de son congénère, mais dans des milieux plus ouverts, pauvres en arbres ou même dépourvus d’arbres comme les pelouses sèches où il côtoie le Pipit des arbres, les pré-bois, les jeunes plantations, les parcelles forestières en taillis après coupe rase, les maillages de haies, les pâtures envahies de buissons, les broussailles péri-forestières des versants montagneux jusque vers 1000m d’altitude, etc.
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- Le Pv est un oiseau assez compact, avec une tête globuleuse portant un bec fin, un corps lui-même assez ramassé prolongé par une queue moyennement longue et des ailes pointant peu vers l’arrière du fait d’une projection primaire elle aussi moyenne (environ la moitié de la partie visible des tertiaires). La tête montre un œil sombre entouré d’un cercle oculaire clair bien marqué (2) , précédé d’un trait loral sombre et surmonté d’un sourcil clair (1) , assez flou, dominé par le cercle oculaire.
- Le Pf est un oiseau à peine plus grand, mais surtout plus fin et plus allongé. La tête au front assez bas se prolonge sans véritable rupture par un bec plus fort que celui du véloce. Le cercle oculaire est peu marqué (2) , laissant toute sa place à un sourcil long et bien marqué contrastant bien avec le trait loral sombre (1) . La queue est assez longue, mais ce sont les ailes qu’il faut regarder. Elles pointent nettement vers l’arrière du fait d’une longue projection primaire, caractéristique de migrateur (environ 85% de la partie visible des tertiaires). C’est un critère diagnostique.
Les pouillots sont monotypiques, c'est à dire que mâle et femelle sont semblables de plumage. Seul le chant permet de distinguer le mâle territorial.
Le Pv adulte a les parties supérieures d’un brun-beige soutenu, teinté d’olive sur l’arrière du corps (dos et croupion) et sur les liserés des rémiges et des rectrices. Le dessous est crème allant jusqu’au beige clair sur la poitrine et les joues. Le cercle oculaire crème ressort bien sur le bandeau noirâtre formé par l’œil, la zone lorale et l’arrière de l’oeil. Le sourcil beige crème est moins marqué que le cercle oculaire, ce qui donne à l’oiseau un air étonné. Le bec est noirâtre avec un peu de jaune orange par dessous. Les pattes sont également d’un brun noirâtre.
Le Pv juvénile a un plumage plus chaud, teinté de jaune-roussâtre, ceci particulièrement visible sur les côtés de la poitrine, au poignet, sur les côtés du cou et au sourcil, et ceci jusqu’à la mue en décembre-janvier après laquelle il est adulte d’aspect. Le sourcil peut être franchement jaune. Attention donc à la confusion possible avec un fitis.
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Le Pf adulte a les parties supérieures brunes plus pâles et plus uniformes que celles de son congénère. Elles sont teintées de vert jaunâtre sans différence entre l’avant et l’arrière du corps. Les rémiges et les rectrices ont des liserés jaune-vert. Le dessous du corps est pâle, blanc-crème, nuancé de jaune particulièrement au cou et à la poitrine. La tête montre un net sourcil blanc-crème, lui aussi nuancé de jaune, qui prend le pas sur le cercle oculaire blanc moins visible malgré l’œil sombre. Le bec est brun avec du jaune orange à la commissure et dessous. Les pattes ont des tarses brun clair et des doigts jaunâtres.
Le Pf juvénile ne diffère de l’adulte que par une teinte jaune qui envahit le plumage et est particulièrement visible sur les parties inférieures et au niveau du sourcil.
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Comme dit plus haut, il est évident que pour un oiseau silencieux sur les territoires de reproduction ou sur les voies de migration, il est nécessaire d’en avoir une bonne vue ou un bon cliché pour assurer l’identification. Avec la voix, l’identification est facile.
Le cri :
Il a la même tonalité chez les deux espèces. Le cri du Pv est un « pjuit » monosyllabique, souvent répété. Tandis que le cri du Pf est un « hu it » bisyllabique.
Cri du Pouillot véloce : |
Cri du Pouillot fitis : |
Le chant :
Ils sont très différents. Le chant du Pv consiste en la répétition monotone d’une strophe qui peut se traduire par « tsiip », « tsiup » ou quelque chose d’approchant, sans grande variation. C’est de ce chant que le Pv tient son nom allemand de « Zilpzalp ». Le chant du Pf est une répétition de phrases et non de notes. La phrase est une suite descendante de syllabes qui dure 3 à 4 secondes. On en a un bon exemple sur l’enregistrement proposé.
Chant du Pouillot véloce : |
Chant du Pouillot fitis : |
Mot de la fin :
Dorénavant, vous n’êtes plus pardonnable si vous confondez toujours ces deux pouillots.