Lorsqu'on séjourne sur la Côte méditerranéenne et si, quittant les plages, on se résout alors à visiter l'arrière-pays, il y a beaucoup à découvrir : villages pittoresques, paysages inhabituels, flore et faune inconnues. Parmi cette dernière figurent des oiseaux qui ne vivent pas dans nos régions de l'Est.
Cette fauvette n'est pas aisée à voir. Pas farouche, elle est toutefois très vive et remuante au cœur de la végétation. A l'échelle de son aire de répartition, elle n'est pas rare, mais très dispersée. Il n'y a aucune comparaison à ce titre avec la Fauvette à tête noire et la Fauvette grisette, omniprésentes en maints endroits dans notre région.
Dans le Sud de la France, la moindre densité de l'avifaune terrestre est générale, par opposition aux oiseaux d'eau. La sécheresse estivale, la prépondérance dans les espaces incultes des conifères et des plantes xérophiles à cuticules épaisses, le repos végétatif de beaucoup de ces plantes pendant la belle saison, ne sont pas propices à une forte production d'insectes et de leurs larves. Les insectivores, comme toutes les espèces les fauvettes, ont donc besoin d'occuper et d'explorer un grand territoire pour se procurer des ressources alimentaires suffisantes, en particulier pour élever la nichée.
Si en dépit de cette grande dissémination, on a néanmoins la chance d'aviser une Fauvette passerinette, elle ne peut que d'emblée capter l'attention par son apparence attrayante et surprenante. Le dessous vineux à rose roux de sa robe est frappant, de même est typique la moustache blanche qui sépare ses joues de sa gorge. Le dessus est d'un gris bleuâtre terminé par des nuances de brun. Le cercle rouge vif qui borde la pupille est un autre trait caractéristique.
Rien que par les couleurs insolites de son dessous, la passerinette ne peut être confondue avec aucun autre passereau à l'exception de la Fauvette pitchou qui dans le Midi fréquente les mêmes milieux. Mais, celle-ci n'a pas de moustache et son dessous est bien plus sombre et d'un rouge violacé profond.
Une méprise ne pourrait donc tenir qu'au fait de n'avoir pu apercevoir l'un ou l'autre de ces oiseaux que de façon trop furtive, ce qui est souvent le cas. A la différence aussi de la Fauvette pitchou, sédentaire, la Fauvette passerinette est une migratrice au long cours. Ses quartiers d'hiver s'établissent au Burkina Faso, au Niger, au Cameroun, à la Sierra Leone. Pour ce très long voyage, ces petits oiseaux partent en septembre -octobre.
Au printemps les premiers oiseaux apparaissent dans la deuxième quinzaine de mars en Provence, mais, la majorité des retours ont lieu en avril. Dès leur arrivée, la femelle se met à construire le nid : une coupe légère à l'intérieur d'un buisson bas. Le mâle l'accompagne et chante pour marquer le territoire du couple. Si tout se passe bien, celui-ci donnera naissance à 3 ou 4 petits, nourris par les deux parents.