Lunéville 2006 @ Hervé Michel
C'est dans quelques départements de l'Est de la France que le gobe-mouche à collier est installé lors de la belle saison pour nicher. La Lorraine abrite de loin les effectifs les plus importants. Notre province est placée à la limite occidentale de sa zone de présence estivale située en Europe centrale : Sud de l'Allemagne, Autriche, Pologne, pays des Balkans et Russie.
De plus, chez nous, cette espèce est susceptible d'être assez abondante dans ses milieux quasi exclusif: à savoir les vielles chênaies et hêtraies à sous-bois peu denses. C'est ainsi que dans la seule forêt du Romersberg, jouxtant l'Etang de Lindre, plusieurs dizaines de chanteurs ont été comptés ce printemps.
femelle @ Vincent Palomares
Dans notre région, les gobe-mouches à collier sont bien plus nombreux que leurs cousins, les gobe-mouches noires qui sont parés de la même robe sauf le collier blanc et dont la distribution est pourtant bien plus large dans l'Est et le Centre de la France. Les deux espèces, aux mœurs semblables, sont des migrateurs au long cours qui hivernent en Afrique tropicale. Le gobe-mouche à collier nous quitte déjà en août et ne revient que dans la deuxième quinzaine d'avril.
C'est alors que le mâle se cantonne sur un territoire qu'il monopolise en chantant, afin de dissuader l'intrusion des concurrents de son espèce. L'étendue de ce territoire doit répondre aux besoins alimentaires de la future, mais temporaire, famille. Selon la richesse locale en nourriture, 2 à 6 couples peuvent s'installer sur 10 hectares. Le régime du gobe-mouche à collier est constitué pour l'essentiel par des insectes, chenilles, lombrics, sauterelles, araignées etc.
Mais le choix du territoire dépend d'abord de l'existence pour la nidification de cavités naturelles ou creusées par des pics dans les arbres.
Pologne @ Alex et Marie Beauquenne
A son arrivée, c'est le mâle qui choisit une loge convenable et qui par son chant et diverses attitudes de parade, tente de séduire une femelle. Il arrive qu'une candidate, avant de se décider pour un partenaire nuptial, inspecte plusieurs trous appartenant à divers mâles. Mais dès qu'elle a choisit son élu, elle commence à construire le nid dans la cavité adoptée. Aux manières électives des femelles, les mâles répondent souvent par la polygamie, n'hésitant pas à attirer une autre femelle dans un logement voisin.
La nichée du couple - régulier - commence vers la mi-mai. Les 6-7 œufs sont couvés12 à 15 jours par la femelle. Les oisillons nourris par les deux parents s'envolent à l'âge de 16-17 jours.
Dans nos forêts, les gobe-mouches à collier sont localisés ça et là en îlots épars qui répondent à leurs besoins, de trous d'arbres en particulier. Pour les observer, il est préférable de ne pas visiter une vieille futaie au hasard, mais de se renseigner auprès des personnes sensées être informées, comme les agents de l'ONF ou de l'ONCFS
Forêt de Mondon 2005 @ Hervé Michel
Il est conseillé de détecter ces oiseaux pendant leur période du chant, révélateur infaillible de leur présence. Ce temps sonore se termine dans la 2è quinzaine de mai. Après il est plus difficile de repérer ces oiseaux à la seule vue, en dépit du dessous blanc pur de leur plumage propre à attirer l'attention. En effet, ils évoluent dans la frondaison des grands arbres dont le feuillage favorise leur camouflage.
Ne pouvant être observé en France ailleurs qu'en Lorraine et quelques départements limitrophes, le gobe-mouche à collier mérite bien un effort de recherche par les curieux de notre patrimoine naturel, en l'occurrence bien spécifique.