Farouches campagnardes

Les Perdrix grises sont inféodées aux espaces cultivés, pâturages et friches. La morte saison est propice à leur observation. Il plus aisé de les apercevoir au gagnage dans les champs dégarnis. Une couverture neigeuse améliore encore les chances de repérage.

En effet, ces oiseaux évoluent de façon quasi-exclusive au sol. Les déplacements s'y font « à pattes » Pour la fuite, l'envol ne s'effectue qu'en dernière extrémité. Le vol est bruyant, rapide, tendu, peu élevé et surtout bref, limité d'habitude à une distance de 50 à 100 m. Typique est alors la séquence de battements d'ailes très vibrés suivie d'un glissé pour se poser. Afin d'échapper aux dangers, les perdrix préfèrent se tapir dans les creux du terrain ou s'éloigner en courant à l'abri de la végétation.

A cet égard, elles possèdent deux avantages : celui de bien connaitre leur territoire du fait qu'il est en général peu entendu pour une même compagnie ou un même couple s'y cantonnant avec une grande constance. Plus important encore, les teintes sobres et assez mimétiques du plumage se fondent dans celles de la terre et de la végétation. Dans la palette composée de roux pâle, de gris cendré, de châtain ne se distingue nettement que la tâche marron sombre en forme de lunette de soleil que les mâles portent sur le ventre. La robe des femelles est plus terne.

Bien qu'en déclin depuis quelques dizaines d'années, cette espèce de gallinacées n'est pas encore rare. Au cours des siècles passés l'extension des cultures lui a été très favorable. Avec l'industrialisation à grande échelle des pratiques agricoles, la tendance s'est inversée. La suppression généralisée des haies, fossés et remblais, indispensables gîtes pour ces oiseaux, a été très néfaste, comme elle l'est toujours pour bien d'autres oiseaux, insectes et mammifères. L'utilisation systématique et massive des pesticides a fort empiré la situation. Et comble : les perdrix ont toujours représenté un gibier très prisé. Les prélèvements de la chasse sont considérables au point d'avoir eu pour conséquences la disparition de l'espèce en bien des endroits. Dans le passé, elle était présente un peu partout en France dans les biotopes appropriés, sauf dans la région méditerranéenne et le Sud-ouest.

Le maintien de certains effectifs a deux causes principales, mais non exclusives. Les couples sont prolifiques. La ponte produit en général de 10 à 20 œufs. De plus, il assez fréquent que celle de printemps soit suivie par des couvées de remplacement qui peuvent avoir lieu jusqu'à mi-août. En dépit d'une forte mortalité imputable à l'action des machines agricoles et à la prédation des corneilles, pies, renards etc. la fertilité naturelle reste favorable. Toutefois la raison majeure du renouvellement des populations, malgré la pression de la chasse, est due aux multiples et grands lâchers d'oiseaux élevés dans de fermes spécialisées.

Ces introductions artificielles et considérables sont très contestables de l'avis des naturalistes scientifiques. Outre qu'elles constituent un prétexte douteux pour justifier l'élimination sans retenue des populations autochtones, elles risquent de perturber les rares colonies indigènes restantes dont les générations ont mis beaucoup de temps pour être bien adaptés aux conditions locales.

Il n'est pas exclu que ces apports anthropiques aboutissent in fine à une altération génétique des souches primitives. C'est ainsi que nos poules domestiques n'ont plus guère de ressemblance avec leurs ancêtres : les Coqs bankhiva originaires du bassin de l'Indus où subsistent encore des populations en liberté.

Il en va des perdrix comme des faisans ; lorsqu'on a la chance d'en aviser, on n'est jamais sûr qu'il s'agit d'individus d'origine sauvage.

Créé le 11/10/2015 par Gilbert Blaising © 1996-2024 Oiseaux.net