La mal nommée, Fauvette des jardins.

© Marcel Van der Tol
© Marcel Van der Tol

Ce passereau ne fréquente que rarement les jardins au contraire de ses cousines la Fauvette à tête noire et la Fauvette babillarde. Cette espèce est une buissonnière qui se tient volontiers à l'écart des habitations. Elle est donc peu connue.


A cela, il y a d'autres raisons. Sans être rare, cette fauvette est peu abondante. En outre, sa robe terne d'un brun gris assez uniforme la rend très mimétique dans l'épaisse végétation où elle se meut discrètement : les zones de gros buissons, les taillis, les boqueteaux et les parcelles de forêt en régénération.


© Hervé Michel
© Hervé Michel
Pourtant au printemps son chant sonore trahit manifestement sa présence en dépit de son comportement furtif. Mais ses vocalises prêtent facilement à confusion avec celles de la très commune Fauvette à tête noire que nous entendons à profusion jusque sous nos fenêtres donnant sur arbres et arbustes. Une oreille non initiée et non exercée n'est pas en mesure de faire d'emblée la distinction.


La Fauvette des jardins n'émet pas en refrain les sons flûtés et forts si caractéristiques de la Fauvette à tête noire. Son chant mélodieux et puissant est plus rapide, plus long, mais moins varié que celui de sa cousine familière.


De même que les trois autres espèces de fauvettes observables dans notre région ( babillardes, grisettes et à têtes noires ) elle est d'abord insectivore comme le révèle son bec fin et pointu. Elle préfère les proies molles : des larves, des chenilles de papillons diurnes et nocturnes, des araignées, des pucerons etc. capturés sur les rameaux et les feuilles près du sol.


© Jules Fouarge
© Jules Fouarge
A la fin de l'été, elle se gave aussi les fruits de nerprun, sureau, fusain, ronce, lierre, chèvrefeuille, troène, etc. Elle amasse ainsi les réserves énergétiques dont elle a besoin pour pouvoir effectuer fin août, début septembre le phénoménal parcours qui la conduira dans ses zones d'hivernage en Afrique tropicale et australe Habituellement d'un poids moyen de 18 - 22 gr, elle peut peser plus de 30 gr avant son départ.


Ce voyage extrême accompli la nuit en utilisant la position des constellations d'étoiles pour se guider, conduit ces oiseaux à traverser la Méditerranée puis le Sahara.. Avant chacune de ces immenses et périlleuses étapes, elles font des haltes plus ou moins longues pour reconstituer leurs stocks de « carburant » C'est ainsi qu'en Espagne et au Portugal, elles mangent même des figues avant de survoler la Grande Bleue; de même qu'elles refont le plein d'énergie au Maghreb avant de s'aventurer par-dessus l'immense Sahara.


© Jean-Michel Peers
© Jean-Michel Peers
Lorsque l'on songe à l'aller- retour sur des milliers de km de ces très petits animaux volants, on ne peut être qu'ébahi. Ils payent d'ailleurs un lourd tribu dans cette aventure ancestrale. Revenus en Europe, leurs nichées printanières de 4-5 oisillons permettent à peine de maintenir, dans les meilleures conditions, les effectifs de cette espèce irremplaçable, comme toute autre, dans la pyramide du vivant, hélas en cours de dégradation accélérée.


Créé le 20/06/2007 par Gilbert Blaising © 1996-2024 Oiseaux.net