Hôtes d'hiver

Lorsque frimas, gel et neige persistent, des espèces d'oiseaux inhabituels viennent fréquenter les mangeoires installées dans nos jardins. Pendant les autres saisons, ils ne peuvent être observés qu'éloignés des habitations dans leur milieu spécifique, en particulier la forêt.

C'est le cas de la Mésange huppée qui habite toute l'année les peuplements de conifères ou ceux mixtes jusqu'à la limite supérieure des arbres en montagne. Elle est commune dans les forêts de sapins et d'épicéas du massif vosgien. Ailleurs en Lorraine, elle est moins fréquente, mais pas rare.

Elle est cependant peu connue des promeneurs, car il est difficile de la repérer à la vue dans la dense et sombre ramure des résineux où elle évolue de préférence. De plus, elle est petite comme la Mésange bleue, mais au contraire de celle-ci, elle craint de se montrer à découvert. Lorsqu'on a la chance de l'apercevoir, elle est toutefois facile d à identifier.

Sa huppe triangulaire et pointue, noire et frangée de blanc est plus ou moins dressée, mais toujours très apparente. Aucun autre oiseau visible dans nos régions n'est doté d'une parure comparable. L'heureux observateur pourra aussi remarquer la raie noire en demi-cercle derrière l'oreille, la bavette et le collier noir, la face blanche, le dessus marron clair et les reflets roussâtre sur les flancs. Mâle et femelle sont semblables à peu de choses près. Les initiés diraient que le dimorphisme sexuel n'est que très léger.

Les connaisseurs sont aussi en mesure de déceler la présence de cette mésange à son chant typique comme chez tous les oiseaux. Certes, son cri roulé gurrr combiné avec des tsîtsîtsiî est audible toute l'année, mais il n'est pas émis souvent et pas assez mélodieux pour être facilement mémorisé. De plus, certains éléments de ses émissions sonores sont très proches de celles aigues du Roitelets huppé qui fréquente les mêmes milieux.

La Mésange huppée est classée parmi les insectivores comme les autres espèces de mésanges. En effet, pendant la belle saison les insectes à tous les stades de développement constituent sa nourriture principale. Son faible poids de 10 - 13 g lui permet d'explorer les fines ramilles qui ne sont plus accessibles à d'autres insectivores plus lourds comme la Mésange charbonnière qui pèse entre 16 et 21 g. En hiver, lorsque les insectes se sont raréfiés, cette espèce à l'instar des autres insectivores sédentaires est obligée de recourir aux graines et semences. S'agissant des Mésanges huppée les graines de conifères sont prioritaires. Lorsque les branches de ces arbres sont couvertes de neige et pire de glace, elles sont obligées de se rabattre sur la pitance mis à leur disposition par les humains dans les jardins et parcs.

Au cours de l'hiver dernier et de celui en cours et ce, jusqu'à maintenant, les apparitions précédemment observées dans nos jardins de ces hôtes saisonniers ne se sont pas ou très peu produites. La raison tient sans doute à la douceur météorologique. C'est le regret de tous ceux qui approvisionnent avec conviction les mangeoires installées. Leur consolation consiste à penser que ce n'est pas au dam des oiseaux eux-mêmes qui préfèrent rester cantonnés à moindre effort dans leur milieu favori.

Faute de pouvoir les observer au chaud derrière nos fenêtres, il ne reste plus qu'à aller au printemps à leur recherche dans les forêts lorsqu' excitées par les fiançailles et les noces, ces mésanges seront moins discrètes et fuyantes. A ces occasions saisonnières peu durables, bien d'autres espèces forestières peuvent être observées : Sitelles torchepot, Mésanges noires et Mésanges nonnettes, Pics noires et Pics mars, Grives musiciennes, Pouillots siffleurs, Tourterelles des bois etc.

Créé le 08/02/2015 par Gilbert Blaising © 1996-2024 Oiseaux.net